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April 9, 2024
French

"A Tutsi can become an RPF fighter"

Number: 617
Date: 29 juin 1994
Author: Isnard, Jacques
Title: M. Léotard va inspecter un dispositif encore léger et fragile
Source: Le Monde
Abstract: Jacques Isnard writes in Monde of June 29, 1994 that, "For the moment, the French are intervening in an area where there remains a semblance of a state or Hutu authorities, but where risks , still undetectable, could occur over time. So, who can guarantee them to be safe from 'infiltrations' of the RPF? In these actions for humanitarian purposes, intended to reassure and help the population by approaching them as closely as possible, a Tutsi can turn out to be a potential RPF combatant".
Comment: Jacques Isnard, military correspondent of the newspaper Le Monde, is familiar with the general staff on Boulevard Saint-Germain in Paris. He reports what he hears about the "‘infiltrations’ of the RPF": "In these actions for humanitarian purposes, intended to reassure and help the population by approaching them closer, a Tutsi can turn out to be a potential RPF fighter”. These remarks betray the assimilation made by the French command between the Tutsi and the enemy. Admiral Lanxade, Chief of Staff of the Armed Forces in 1994, already made this identification in 1990. These remarks were published on June 29 in Le Monde at the very moment when the soldiers of Turquoise attended the extermination of the last Tutsi in Bisesero without helping them.
Citation: L'intervention militaire française au Rwanda M. Léotard va inspecter un dispositif encore léger et fragile François Léotard doit passer la journée de mercredi 29 juin à inspecter le dispositif " Turquoise " depuis la base de Goma, au Zaïre. Le ministre de la défense n'ignore pas, en effet, que les armées françaises déploient un dispositif léger et fragile il ne sera complet qu'en fin de semaine et qu'elles entrent, après un moment de relative euphorie au début, dans une période difficile où elles devront redoubler de prudence. Les précautions qui s'imposent seront d'autant plus contraignantes qu'il paraît exclu en raison de leurs nombreux autres engagements ailleurs que les forces armées françaises au Rwanda puissent augmenter de volume, sauf à escompter des effectifs nouveaux de pays alliés, en Europe ou en Afrique. A partir de son dispositif " Turquoise " au Zaïre, la France ne peut pas " projeter " plus d'un millier d'hommes au Rwanda. A titre de simple comparaison, le Front patriotique rwandais (FPR), qui n'est un adversaire ni déclaré ni recherché, à plus forte raison, par les Français, représente quelque quinze mille à vingt mille hommes, équipés d'une artillerie ex-soviétique lance-roquettes multiples, bitubes antiaériens, obusiers et mortiers lourds et assurés de recevoir encore aujourd'hui une aide de l'Ouganda. Pour l'instant, les Français interviennent dans une zone où il demeure un semblant d'Etat ou des autorités hutues, mais où des risques, encore indécelables, pourraient survenir à terme. Ainsi, qui peut leur garantir d'être à l'abri d'" infiltrations " du FPR ? Dans ces actions à but humanitaire, destinées à rassurer et à secourir la population en l'approchant au plus près, un Tutsi peut s'avérer un combattant du FPR en puissance. Dans une mission qui s'avoue éminemment médiatique et volontairement " transparente ", faut-il continuer à s'en tenir à une assistance limitée à l'humanitaire face à des caméras de télévision qui enregistreraient, en même temps et sur les mêmes lieux, de nouveaux massacres ? Force serait sans doute d'appliquer, à la vue de tous, les règles d'ouverture du feu selon l'article 7 de la Charte des Nations unies qui fonde le mandat donné aux Français. A la limite des moyens Depuis le début de cette opération, les états-majors et les politiques balancent en réalité entre deux thèses, entre lesquelles il faudra bien trancher. La première est soutenue par ceux qui, tout en étant conscients que beaucoup de choses sérieuses se passent aussi à Kigali, se contenteraient de mener ces raids des " va-et-vient " à travers la frontière, selon l'expression des militaires dans l'attente de la fin de la mission, en juillet. Mais cela suppose qu'il y ait bien un relais effectif et progressif d'abord des ONG, puis de l'ONU, à la date prescrite. Rien n'est moins assuré que le secrétaire général des Nations unies puisse respecter le délai et qu'il soit en mesure de rassembler les cinq mille cinq cents " casques bleus ", au minimum, que le Conseil de sécurité lui a suggéré de déployer pour remplacer le dispositif français. L'autre thèse recrute ses partisans parmi ceux, en France, qui considèrent, sans trop le clamer sur les toits, l'opération " Turquoise " comme devant devenir l'ossature ou le noyau dur de la MINUAR-2, le nouveau contingent de " casques bleus " en préparation. Aux unités françaises viendraient s'agglutiner, à une date encore bien imprécise, des formations d'autres pays qui le désireraient. Au ministère de la défense et à Matignon, on est plutôt du côté de ceux qui préconisent de ne point trop s'enliser, dans les conditions présentes, au Rwanda. A l'Elysée et au Quai d'Orsay, la perspective que la France contribue, d'une façon ou d'une autre, à la MINUAR-2 n'est pas écartée. Il n'en demeure pas moins que, tant du point de vue de sa logistique propre que de ses effectifs encore disponibles, l'armée française parvient, de l'aveu de ses responsables, à la limite extrême de ses moyens. Une participation à la MINUAR-2 n'est envisageable, dans ces circonstances, qu'une fois opérés les retraits de " casques bleus " français à Bihac (Bosnie) et à Zagreb (Croatie).

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