Home page France Génocide Tutsi France Génocide Tutsi Last update :
April 9, 2024
French

Saved by the French army, Habyarimana is "disoriented and out of breath". Mitterrand decides to resort to the United Nations and hopes to be able to change his soldiers into peacekeepers

Number: 160
Date: 3 mars 1993
Author: Denoix de Saint Marc, Renaud
Title: Conseil restreint : Rwanda
Source: Présidence de la République (France)
Public records: FM
Abstract: While Minister Marcel Debarge, back from Kigali, noticed that President Habyarimana was disoriented and out of breath, François Mitterrand declared in the restricted council: "We must, as soon as possible, cede the place for international forces of the United Nations. […] We have no interest in the Tutsis advancing too quickly. We must buy time, delay by all diplomatic means and continue to support the Rwandan army by providing it with the ammunition it needs".
Comment: After the RPF offensive on February 8, 1993, the Rwandan army collapsed and the French army had to intervene on February 20 to avoid defeat. Its army halted by the French, the RPF declared a ceasefire on February 21. He resumed negotiations with the non-MRND parties of the government coalition. Cooperation Minister Marcel Debarge, back from Kigali, said Habyarimana was "disoriented and out of breath". Admiral Lanxade, Chief of Staff, does not hide French military support for the government army. Pierre Joxe, Minister of Defense, proposes to seize the Security Council so that "our four companies" become "UN forces". François Mitterrand agrees and adds "We have no interest in the Tutsis advancing too quickly", thereby showing that the enemy for him is the Tutsi.
Citation: RWANDA CONSEIL RESTREINT DU MERCREDI 3 MARS 1993 (12H00) SOUS IA PRESIDENCE DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE PARTICIPANTS Président de la République - Premier Ministre - Ministre des Affaires Etrangères - Ministre de la Défense - Ministre de la Coopération - M. Védrine - M. Boidevaix - Amiral Lanxade - Général Quesnot - M. Nicoullaud - Général Rannou - M. Delaye. SECRETARIAT M. Denoix de Saint-Marc - Colonel de Bastier PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE Monsieur le Ministre de la Coopération ? MINISTRE DE LA COOPERATION Je rentre d'Ouganda et du Rwanda. Concernant la présence d'un détachement français, officiellement certains disent que cette présence n'est pas nécessaire ; en petit comité tous nous demandent de "surtout rester là”. Le Président Habyarimana est désorienté et à bout de souffle. Le communiqué de presse a été inspiré par nous. Le FPR a renforcé ses positions, il pourrait poursuivre ses offensives politique et militaire. Les personnes déplacées peuvent fausser la situation, elles sont des objectifs potentiels pour le FPR qui peut tirer au mortier sur elles afin de les précipiter dans Kigali. Les forces rwandaises combattent de manière inégale. Si le FPR attaque Byumba le gouvernement belge pourrait demander à ses ressortissants de partir du Rwanda. La question que tous se posent : que fera l'armée française ? MINISTRE DE LA DÉFENSE La visite de M. Debarge a été très utile. Je viens de prendre connaissance de deux documents rwandais qui sont arrivés ce matin. Il faudrait que l'ONU envoie rapidement une mission sur place. La saisie du Conseil de sécurité si elle aboutissait à une résolution permettrait à nos quatre compagnies de devenir des forces de l'ONU ou partie d'une force à caractère international. Il conviendrait qu'un élément d'un autre pays puisse se joindre à cette force. MINISTRE DE LA COOPERATION Deux propositions ont été faites - assurer un contrôle à la frontière ougando-rwandaise, - demander au FPR de se retirer sur la ligne du 7 au 8 février (par l'intermédiaire du président Museveni) et créer une zone neutralisée, contrôlée par un GOMN élargi. Le président ougandais n'a pas nié l'influence qu'il avait sur le FPR et m'a proposé de discuter avec lui (il ne devait pas être loin). Il s'est interrogé sur le rôle de l'armée française : si elle intervient, ce sera peut-être long, mais elle va gagner et les Tutsis seront perdants. On s'aperçoit que : - le gouvernement rwandais négocie ou fait la guerre, - le FPR négocie et fait la guerre. MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES On y voit plus clair. Il faut saisir la balle au bond : - dans la déclaration des 14 partis politiques rwandais, le point 8 demande la saisie du Conseil de sécurité, - le cessez-le-feu a été décidé. Nous devons appuyer cette requête au Conseil de sécurité. PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE Il faut, le plus tôt possible, céder la place à des forces internationales des Nations unies. Vis-à-vis du reste de l'Afrique, si la France se retire, ce qui serait sage, chacun se sentira menacé. Rester, c'est s'exposer à être le spectateur impuissant de l'arrivée des vainqueurs. Il vaudrait mieux retirer nos troupes mais pas dans les conditions actuelles. En attendant les forces de l'ONU, est-on certain d'assurer la soudure ? La conquête peut se terminer en quelques jours. Peut-on avoir une réponse en quelques jours ? Les Affaires Etrangères doivent assurer la conduite. Si l'Ouganda nous trompe, Kigali tombera. AMIRAL LANXADE Les forces rwandaises tentent de reprendre le terrain avec notre soutien. Nous pouvons assurer la sécurité de nos ressortissants et leur rapatriement mais pas nous opposer au FPR. PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE Nous n'avons pas intérêt à ce que les Tutsis avancent trop vite. Il faut gagner du temps, retarder par tous les moyens diplomatiques et continuer à soutenir l'armée rwandaise en lui fournissant les munitions dont elle a besoin. La décision de Boutros Ghali est urgente : si nos soldats se transforment en soldats de l'ONU, cela change de genre. Mais nous ne devons pas être seuls. Nous pourrions participer à une force de l'ONU avec un millier d'hommes. Il faut saisir Mérimée dans l'heure et se dépêcher de mettre le système en place. Si il n'y a pas de réponse des Nations unies, une nouvelle réunion du Conseil restreint s'imposera.

Retour