Résumé
- 200 000 réfugiés sont déjà arrivés dans l'Est du Zaïre au cours de ces dernières 24 heures. La grande catastrophe humanitaire qu'on prévoyait est bien réelle aujourd'hui. 600 000 civils supplémentaires sont encore attendus dans les jours qui viennent à Goma.
- Epuisés après des heures de marche, les réfugiés à la nuit tombée se sont contentés de poser leurs paquets là où ils se trouvaient dans la ville de Goma envahie. Mais ce matin, dès l'aube, ils ont repris la route. Ils ne savent pas où ils vont, ils ne font que suivre le mouvement. Un mouvement que tentent de canaliser les associations humanitaires dépassées par les évènements.
- Malgré les difficultés de logistique, il est temps que les organisations non gouvernementales prennent les choses en main. Car Goma n'a guère les moyens d'accueillir ces milliers de familles en détresse. Les Zaïrois, qui n'avaient jamais vu ça, sont solidaires des réfugiés mais ils s'inquiètent.
- Malgré la nuit le flot ne s'est pas tari. Au milieu de cette foule, les parachutistes zaïrois venus en renfort de Kinshasa font leur possible pour mettre un peu d'ordre et confisquer les armes. Mais la barrière reste ouverte en permanence, rien ne pourrait arrêter le mouvement. Car le Front patriotique rwandais est sur la route de Gisenyi, la ville jumelle de Goma, située à quelques kilomètres à peine au Rwanda.
- À l'hôpital psychiatrique [de Ndera], dans la banlieue de Kigali. Enfermés dans leur cellule, des morts-vivants, mal nourris, sans médicaments, abandonnés dans leur folie profonde. En avril dernier les forces gouvernementales ont pris d'assaut l'hospice, tué 250 malades. Depuis, les quelques survivants moisissent ici. Le dernier psychiatre les a quittés dimanche [10 juillet]. Les conditions sanitaires dans l'hôpital sont insoutenables.
- Le Président rwandais par intérim et trois de ses ministres se sont réfugiés dans la zone humanitaire créée par la France dans le Sud-Ouest du pays.
- Un nouveau gouvernement rwandais prêtera serment lundi [18 juillet] à Kigali selon une déclaration du représentant du Front patriotique rwandais à New York.
- Washington a fait savoir que la Maison-Blanche ne reconnaissait plus l'actuel gouvernement du Rwanda et décidé la fermeture de l'ambassade rwandaise aux États-Unis.
- Le secrétaire d'État Warren Christopher a annoncé un cessez-le-feu accepté par les rebelles tutsi.