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Mise à jour :
2 août 2023 Anglais

« La France et les États-Unis face aux défis d'aujourd'hui », John Hopkins School of Advanced International Studies, Washington [Réponse à une question à propos du Rwanda]

Fiche Numéro 17171

Attention : ce document exprime l'idéologie des auteurs du génocide contre les Tutsi ou se montre tolérant à son égard.

Numéro
17171
Auteur
Juppé, Alain
Date
11 mai 1994
Amj
19940511
Titre
« La France et les États-Unis face aux défis d'aujourd'hui », John Hopkins School of Advanced International Studies, Washington [Réponse à une question à propos du Rwanda]
Taille
2070434 octets
Nb. pages
2
Source
Fonds d'archives
Type
Conférence
Langue
FR
Résumé
Après que François Mitterrand ait déclaré à la télévision le 10 mai 1994 : « nous ne sommes pas destinés à faire la guerre partout, même lorsque c'est l'horreur qui nous prend au visage », Alain Juppé, le lendemain, lors d'une conférence à la John Hopkins School of Advanced International Studies à Washington, surenchérit en répondant à une question de l'ambassadeur du Sénégal à propos du Rwanda : « Je ne crois pas que la communauté internationale puisse aller faire la police partout sur la planète et envoyer, partout où les gens se battent, des forces d'interposition ».
Commentaire
Alors que, pour le président Mitterrand, la France n'a pas à intervenir au Rwanda, pour Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, c'est toute la communauté internationale qui n'a pas à intervenir. On devrait donc laisser massacrer en paix. Rien ne peut être reproché selon lui à la France qui avait envoyé il y a un an « 800 hommes environ qui s'interposaient entre les deux factions ». Curieuse façon de maquiller le soutien militaire français aux Forces armées rwandaises (FAR). Après l'arrivée des Casques bleus et le retrait des militaires français, Juppé prétend qu'« un gouvernement de réconciliation nationale s'est mis en place ». C'est faux. Le Gouvernement de Transition à Base Élargie (GTBE) prévu par les accords d'Arusha n'a pas été mis en place et quand Habyarimana a fini par accepter de le faire, il a été assassiné le soir-même. Pendant que les extrémistes massacraient les Tutsi et les partisans des accords de paix, un gouvernement a été formé sous les auspices de l'ambassadeur de France, donc de Juppé, ne comprenant que des extrémistes hutu, alors que cinq portefeuilles ministériels devaient être attribués au FPR. Le 7 avril 1994, c'est un génocide qui a éclaté et non une guerre. Les Tutsi du Rwanda n'ont jamais été en guerre contre les Hutu. Ce ne sont pas des « combattants ». Ils n'ont pas d'armes et se font exterminer. Si le FPR s'est mis à combattre, c'est pour s'opposer aux massacres déclenchés par l'armée rwandaise et les milices aussitôt après l'attentat contre le président. S'interposer entre le FPR et les tueurs revenait à protéger les tueurs. C'est la mission qu'Alain Juppé a voulu assigner en mai aux Casques bleus de la MINUAR II mais les États-Unis s'y sont opposés. Ce sera la mission non officielle de l'opération Turquoise. L'armée française a débarqué en force le 9 avril pour regarder les militaires et miliciens rwandais massacrer des innocents. Le devoir de la France, signataire de la Convention des Nations unies contre le génocide n'était pas de « s'interposer entre les combattants » mais d'arrêter les tueurs. S'il avait vraiment jugé les massacres « épouvantables », Alain Juppé se serait opposé au retrait des Casques bleus qu'il a prôné et fait voter le 21 avril 1994 au Conseil de sécurité.