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La France au cœur du génocide des Tutsi

Mise à jour : 21/04/2017

François Mitterrand : « Si ce pays devait passer sous la domination tutsie, ethnie très minoritaire, qui trouve sa base en Ouganda [...] il est certain que le processus de démocratisation serait interrompu »

Date : 22 juin 1994
Auteur :
Titre : Conseil des ministres (extrait) [Déclaration de François Mitterrand]
Journal/Source : Présidence de la République (fr)
Fonds : IFM
Commentaire : Lors de de ce Conseil des ministres, la veille de l'entrée des troupes françaises au Rwanda, Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, ne prononce pas le mot « génocide » (page 2). Il reste dans le même état d'esprit que dans sa tribune à Libération du 16 juin 1994 affirmant que : « des massacres ont été perpétrés tant du côté hutu que du côté tutsi ». Il a oublié sa reconnaissance du génocide des Tutsi faite devant l'Assemblée nationale le 18 mai 1994. Madame Veil, ministre de la Santé, s'inquiète d'un risque d'affrontement entre le FPR et les forces françaises. François Léotard, ministre de la Défense, parle d'opérations aller et retour et précise qu'il n'y aura pas d'occupation durable du Rwanda. François Mitterrand, président de la République, rappelle que le Rwanda « est peuplé essentiellement de Hutus » et il prononce ces mots stupéfiants : « Si ce pays devait passer sous la domination tutsie, ethnie très minoritaire, qui trouve sa base en Ouganda où certains sont favorables à la création d'un “Tutsiland” englobant non seulement ce dernier pays mais aussi le Rwanda et le Burundi, il est certain que le processus de démocratisation serait interrompu ». L'opération militaire française qui va être déclenchée aura-t-elle donc pour objectif d'empêcher cette ethnie tutsi de conquérir le pouvoir ? On peut le croire mais il ne veut pas de pertes dans les rangs de l'armée française : « Il ne faut pas faire prendre trop de risques à nos soldats. Notre objectif n'est que de sauver des vies. » Autre propos stupéfiant, il laisse entendre que l'assassinat du président Habyarimana a « peut-être été commandité par des extrémiste hutus », alors que ses conseillers Christian Quesnot et Bruno Delaye affirment que l'attentat a été perpétré par le FPR.

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