Citation
Dans « le Parfum d’Adam »,
 on a l’impression que les
 services secrets recrutent
 dans l’humanitaire… C’est
 au Brésil que vous les avez
 rencontrés ?
 
 Il y a une interpénétration des deux
 mondes, c'est sûr. Ce n'est pas au
 Brésil que je les ai rencontrés, mais
 plus tard, lorsque jétais au cabinet
 de François Léotard (NDLR :au ministère de la Défense, de 1993 à 1995).
 On m'a demandé d'aller assurer des
 missions, de libérer des otages. Là,
 forcément, j'étais en contact avec les
 services secrets. C'était amusant
 parce que, dans les bureaux, on me
 confondait avec le capitaine Mafart,
 l'un des faux époux Thurenge. C'est
 un petit monde qui m'intéressait et
 avec lequel, je ne sais pas pourquoi, je
 me suis tout de suite senti de plain-pied.
 
 Quel type de mission
 avez-vous effectué pour eux ?
 
 Ce n'était pas pour eux. J'étais au service
 du pouvoir politique. J'allais
 beaucoup à Sarajevo. Tout a commencé
 avec une émission de télé où
 Léotard s'est retrouvé piégé par
 Christine Ockrent. Il y avait une invitée
 surprise. C'était une gamine qui
 s'appelait Zlata et qui avait écrit son
 journal. Elle était bloquée à Sarajevo.
 Christine Ockrent demande à Léotard
 : « Que comptez-vous faire pour
 cette enfant ? » Et Léotard dit : « Tous
 les moyens de la République seront
 mis à son service, j'en prends l'engagement.
 » Il rentre au ministère, me
 trouve en train de traîner dans les
 couloirs et, résultat, tous les moyens
 de la République, ça a été ma
 pomme. Je me suis débrouillé, aux
 dépens de mon foie, parce que j'allais
 boire tous les matins avec les
 Serbes. Et j'ai pu la sortir. Grâce à ça,
 j'ai acquis la réputation du mec qui
 peut faire sortir des otages, et, quand
 il y en a eu d'autres, on m'y a renvoyé.
 
 Au fond, lorsqu’on reproche
 aux associations humanitaires
 de ne pas travailler
 seulement pour le compte
 des populations mais au
 service d’autres Etats, c’est
 justifié…
 
 C'est compliqué. Cette interpénétration
 des services secrets et de l'humanitaire
 se fait à deux niveaux. On
 est obligé d'avoir des liens, ne serait-ce
 que pour des raisons de sécurité.
 
 Mais il est clair qu'un certain
 nombre d'Etats se servent de la couverture humanitaire pour infiltrer
 leurs agents. Les ONG sont très vigilantes, mais ce sont des milieux très
 perméables parce qu'on a tous des problèmes de recrutement. Ça a été
 particulièrement le cas pendant la guerre d Afghanistan.