Fiche du document numéro 29604

Num
29604
Date
Mardi 2 avril 1974
Amj
Taille
23000
Titre
En visite privée en France, le président Habyarimana est reçu par M. Messmer
Soustitre
Le président Juvénal Habyarimana, chef de l'État rwandais, est arrivé le dimanche 31 mars à Paris pour une visite qui durera jusqu'à jeudi. En se rendant en France, le président rwandais a fait une escale à Tripoli, où il a eu un entretien avec le colonel Kadhafi. À son arrivée à Orly, le président Habyarimana, qui est ce lundi l'hôte à déjeuner de M. Messmer, s'est déclaré satisfait de la coopération avec la France et a indiqué qu'il comptait rencontrer le président Pompidou avant de se rendre en visite officielle à Bruxelles.
Nom cité
Lieu cité
Lieu cité
Lieu cité
Lieu cité
Source
Commentaire
Evoking "the conquering Hamite ethnic group, which for four centuries imposed its harsh domination on Hutu peasants of the Bantu race, more disadvantaged, of the South and the Center", this article is typical of the racist rhetoric spreading a false history of Rwanda.
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
La silhouette massive de cet homme taillé en athlète évoque celle de son collègue et voisin ougandais, le pittoresque général Idi Amin Dada, qui le dépasse pourtant d'une tête. Mais, contrairement à "Big Daddy", qui ne quitte jamais l'uniforme, le général Juvénal Habyarimana a une préférence marquée par la tenue civile. L'austère costume de toile qu'il porte habituellement contraste, par sa simplicité, avec les casquettes galonnées et les uniformes ornés des lourdes fourragères rouge, jaune, vert, à glands dorés qu'affectionnent les officiers de cabinet.

Extérieurement, rien -- si ce n'est une canne de bois sculpté, dont il se sépare lentement -- ne distingue "l'homme fou" du Rwanda de ses frères de race, qui constituent le petit paysannat hutu du "pays des mille collines". Président du comité pour la paix et l'unité nationale, président de la République, ministre de la défense nationale, chef d'état major général, le général cumule titres et fonctions, comme beaucoup d'autres officiers. Il n'en reste pas moins simple.

Cependant, contrairement à M. Grégoire Kayibanda, homme effacé et timide, qu'il écarte l'an dernier de la magistrature suprême, le général Habyarimana fait preuve d'une certaine aisance. Il aime les bains de foule, multiplie les contacts avec ses concitoyens, et ne se dérobe jamais à un entretien avec des visiteurs étrangers.

La voix ferme, grave et bien timbré le geste large, le visage mobile et souriant, le général Habyarimana plaisante volontiers. Hutu originaire de la partie septentrionale du Rwanda, région dont les Tutsis ne parvinrent jamais à s'emparer, il ne souffre d'aucun complexe d'infériorité vis-à-vis de l'ethnie hamite conquérante, qui imposa durant quatre siècle sa rude domination aux paysans hutus de race bantoue, plus défavorisés, du Sud et du Centre.

Âgé de trente-sept ans, il soigne sa forme physique et pratique volontiers judo et escrime. Capitaine de l'équipe de volley-ball du camp militaire de Kigali, il s'entraîne chaque mercredi après-midi avec ses anciens collègues qui, comme lui, appartiennent à la première promotion de l'école d'officiers de la capitale rwandaise.

Rien ne paraissait destiner le général Juvénal Habyarimana à la carrière des armes. Après des études primaires dans son village natal de Rambura, puis des humanités chez les Barnabites du collège Saint-Paul de Bukavu, au Zaïre, il entreprit, en effet, des études de médecine à l'université Lovanium de Kinshasa. Mais les désordres qui marquèrent l'accession de l'ancienne colonie belge à l'indépendance bouleversèrent ses projets, et il entra au prytanée que la puissance tutrice venait de créer à Kigali. Sorti major, nommé sous-lieutenant en 1961, il resta toujours, au sein de l'armée, l'officier le plus ancien dans le grade le plus élevé, ce qui explique en partie son autorité.

Chef d'état-major en 1963, il cumule deux ans plus tard ses fonctions avec celles de ministre de la garde nationale et de la police. Il jouit alors de la confiance du président Grégoire Kayibanda, dont il est le principal collaborateur et se proclame, comme lui, catholique pratiquant.

Cependant, il le destitue le 5 juillet 1973, après avoir proclamé que "le groupe de Gitarama" -- qui comprenait les familiers du président -- préparait un complot contre lui. À ceux qui l'accusent d'avoir alors fait preuve d'ambition personnelle, il réplique aujourd'hui, avec un large sourire : "Depuis dix ans, je commandais l'armée rwandaise. Si j'avais été réellement ambitieux, pourquoi aurais-je tardé si longtemps à m'emparer du pouvoir ?"

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fgtquery v.1.9, 9 février 2024