Fiche du document numéro 26667

Num
26667
Date
Lundi 13 avril 2020
Amj
Taille
0
Surtitre
Saison 8
Titre
Mécaniques du complotisme - Rwanda, le génocide des Tutsi et la conspiration (4/4) : "les politiques face à la mémoire"
Soustitre
Pour ce dernier volet de notre série, explorons le complotisme des responsables politiques français. Car s'il n'est pas une exception en la matière (les Belges ont aussi leurs complotistes), certains de ses acteurs se démarquent par leur constance et leur virulence. C'est notamment le cas de l'ancien secrétaire général de l'Elysée, Hubert Védrine.
Nom cité
Type
Émission de radio (son)
Langue
FR
Citation
Nicolas Sarkozy en 2010 lors d'un voyage diplomatique à Kigali au cours duquel il admit des

Le dossier du Rwanda serait-il le dernier tabou de la classe politique française ? En tout cas, il a fait émerger un rare consensus, partagé par de nombreux responsables politiques de droite comme de gauche, qui n'acceptent pas l'idée que les gouvernants de l'époque (au printemps 1994, la France connaît une cohabitation entre un président socialiste et un gouvernement RPR) puissent être accusés de complicité avec les génocidaires. Et surtout de devoir reconnaître de lourdes erreurs dans la politique de soutien aux extrémistes rwandais.

Ce front commun des politiques va se fissurer en 2010, avec le président de la "rupture", Nicolas Sarkozy, parlant "d'erreurs d'appréciation" lors d'un voyage à Kigali. Des erreurs, oui, mais lesquelles ? Le chef de l'Etat n'ira pas plus loin et n'a jamais présenté la moindre excuse ou formulé un regret public vis-à-vis des Rwandais. Pourtant, en France, cette déclaration suscite un véritable tollé à droite comme à gauche, tous les responsables politiques se sentant injustement mis en cause par la déclaration de Sarkozy.

Derrière cet unanimisme de façade, la seule exception est l'ancien French Doctor, Bernard Kouchner, qui n'hésite pas à dénoncer les très graves dérives de la politique de l'Elysée au Rwanda. Dérives qu'il fut l'un des rares à constater de ses propres yeux, en se rendant à plusieurs reprises à Kigali, en plein génocide au printemps 1994. Là, il vit des scènes qu'il n'oubliera jamais.

En dénonçant une "faute politique", Bernard Kouchner a divisé son propre camp et poussé les défenseurs de l'héritage mitterrandien à utiliser de plus en plus souvent des arguments empruntés au registre des complotistes. Ainsi, le 9 mars 2020, à l'occasion d'un colloque au Sénat, l'ancien secrétaire général de l'Elysée, Hubert Védrine, a pu défendre le travail très controversé de deux journalistes (la canadienne Judy Rever et le franco-camerounais Charles Onana) qui reprennent les mêmes arguments qu'un Paul Barril ou qu'un Pierre Péan. Tous appelant à une "révision" de l'histoire et, pour certains, franchissant allègrement la ligne rouge du négationnisme.

Un podcast de David Servenay et Thomas Dutter. Mixage : Audrey Guellil.

Haut

fgtquery v.1.9, 9 février 2024