Fiche du document numéro 19094

Num
19094
Date
Lundi 22 juin 1992
Amj
Taille
16900
Titre
Réponse du ministère des Affaires étrangères à la question écrite posée par Monsieur le Député André Duroméa le 6 avril 1992
Nom cité
Fonds d'archives
Type
Question d'actualité au Parlement
Langue
FR
Citation
FICHE QUESTION

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http://questions.assemblee-nationale.fr/q9/9-56140QE.htm

9ème législature
Question N° :
56140

de M. Duromea André ( Communiste - Seine-Maritime )

QE

Ministère interrogé
affaires étrangères
:
Ministère
attributaire :

affaires étrangères
Question publiée au JO le : 06/04/1992 page : 1551
Réponse publiée au JO le : 22/06/1992 page : 2735

Rubrique :

Politique exterieure

Tête d'analyse :

Rwanda

Analyse :

Armee francaise. role

Texte de la
QUESTION :

M Andre Duromea indique a M le ministre d'Etat, ministre des affaires etrangeres,
que, par lettre du 19 octobre 1990 et par une question ecrite du 19 mars 1991, il
l'avait interroge sur la situation au Rwanda et sur la presence militaire francaise en
ce pays. Dans sa reponse, il lui avait indique que les missions confiees aux troupes
francaises etaient liees a l'evacuation de nos concitoyens presents au Rwanda et aux
efforts faits en faveur des droits de l'homme. Il s'etonne donc que l'armee francaise
soit encore presente en ce pays et participe, par sa presence, a la poursuite des
massacres et des atrocites qui se commettent en ce pays. Il lui rappelle que nos
compatriotes sont rapatries, les troupes belges qui etaient arrivees en meme temps
que les notres sont reparties. Alors quelles justifications donner au maintien et au
renforcement de notre presence sur ce territoire ? Il a appris de plus que se sont les
officiers francais qui encadrent l'armee locale et qu'un officier superieur de l'armee
francaise sert de conseiller militaire du gouvernement ; jusqu'au 3 mars dernier, il
s'agissait du lieutenant-colonel Chollet. Il l'informe qu'ainsi la garde presidentielle
est rendue disponible par la presence de la troupe francaise, qui garde la capitale et
la famille presidentielle et que, des lors, les massacres s'etendent sur le territoire ; il
ne citera que pour exemple les massacres qui viennent de se produire dans la region
du Bugesera de centaines de personnes d'origine tutsi. Ainsi, les efforts de l'OUA
(organisation de l'unite africaine) et des pays de la region, qui avaient abouti le 29
mars 1991 a la signature d'un accord de cessez-le-feu entre les parties en presence,
sont completement aneantis par notre pays puisqu'il ne retire pas ses troupes tel que
prevu par cet accord. Il lui demande donc de facon insistante de bien vouloir lui
faire savoir ce qu'il compte faire pour que les troupes francaises se retirent et pour
impulser une mediation, sous l'egide de l'OUA, de facon a obtenir un cessez-le-feu
immediat et le respect de l'integralite de l'accord precedemment cite de la N'Sele.

Texte de la
REPONSE :

Reponse. - Depuis le declenchement de la crise qui affecte le Rwanda, l'action de la
France dans ce pays est guidee par une volonte de stabilisation et un souci
d'apaisement. A ce titre, la France a suivi avec interet les efforts de l'OUA et des
Etats de la region pour favoriser le retour de la paix au Rwanda. Ces efforts ont
notamment permis la signature d'un accord de cessez-le-feu a la N'Sele le 19 mars
1991 mais celui-ci n'a malheureusement pas ete respecte et les combats sur le
terrain n'ont jamais cesse. La poursuite de ces combats a conduit au maintien a
Kigali du detachement de militaires francais (detachement Noroit) qui y avait ete
depeche pour proteger nos ressortissants. En outre, un DAMI (detachement
d'assistance militaire et d'instruction) a ete mis en place a Ruhengeri (Nord du
Rwanda) en mars 1991. Il a, par la suite, ete partiellement transfere a Gabiro (parc

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de la Kagera dans le Nord-Est du pays). Ce second detachement, compose
seulement d'une vingtaine d'hommes, remplit, en application des accords bilateraux
de cooperation, une mission de formation, et non d'encadrement, de certaines unites
rwandaises. La presence d'environ, au total, deux cents militaires francais au
Rwanda a contribue a rassurer les populations locales et a eviter que ne se
produisent de graves incidents dans la capitale, Kigali. Cette analyse et l'utilite de
cette presence ne sont nullement contestees par l'opposition interieure. Dans un
contexte d'exacerbation des tensions interethniques, le detachement Noroit s'est
ainsi avere un instrument efficace dans le domaine humanitaire, comme l'illustre
l'envoi des 11 et 12 mars dernier dans le Bugesera de plusieurs tonnes d'aide
alimentaire. Parallelement, la France encourage le president Habyarimana a mener
une politique d'ouverture, indispensable a la reconciliation de tous les Rwandais et
au retour des refugies qui le souhaitent. L'adoption d'une nouvelle constitution
abolissant l'Etat-parti, l'instauration du multipartisme et l'affermissement progressif
d'une reelle liberte de la presse sont autant d'efforts veritables vers plus de
democratisation. Surtout, la recente nomination d'un membre de l'opposition, M
Dismas Nsengiyaremye, au poste de Premier ministre et la formation d'un
gouvernement de coalition regroupant les principales organisations politiques du
pays constituent des etapes importantes dans un processus de nature a restaurer la
confiance tant a l'interieur qu'a l'exterieur du Rwanda. La France souhaite donc
vivement que le nouveau gouvernement rwandais, qui a pour premiers objectifs de
negocier la paix et de regler le probleme des refugies, puisse rapidement mener a
bien la mission qui lui a ete impartie. Elle s'attachera, pour sa part, a le soutenir
dans son entreprise.

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