Fiche du document numéro 715

Num
715
Date
Lundi 9 mai 1994
Amj
Auteur
Auteur
Fichier
Taille
237218
Titre
Audition de Massimo Pasuch, auditorat militaire belge
Nom cité
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Nom cité
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Mot-clé
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Source
Fonds d'archives
VdM
Type
Audition judiciaire
Langue
FR
Citation
J'ai été l'un des témoins directs de cet attentat. Dans la soirée du
6.4.94 à une heure passée la 1/2 heure soit 19 Hr ou 20 Hr et un peu
plus d'une demi-heure. Je me trouvais dans mon living. J'ai alors
entendu dans un premier temps un bruit de ``souffle'' et aperçu un
éclairage filant ``orangé''. Je me demandais qui pouvait bien fêter un
événement. Le ``souffle'' a été suivi de deux détonations. À ce
moment-là je n'ai plus entendu de bruit d'avion (réacteur).

Ma première réaction a été qu'ils avaient descendu le C 130 (B) qui
devait arriver ce soir là. Je suis sorti de chez moi et là j'ai vu
une boule de feu qui s'écrasait sur la parcelle du Président... à
350 - 400 mètres de chez moi.

Entre la détonation et notre sortie, le ciel était éclairé en
``jaune-orangé'' comme si cela avait été éclairé avec des fusées
éclairantes dans les tons jaune-orangé (fuel en combustion ? )

Par radio ``Kenwood'' j'ai immédiatement prévenu la CTM -- adjudant
Daubie--, le Lt-col Duvivier et l'ADC Lechat
qui, lui, était déjà coincé à l'aéroport. Ceci pour dire la rapidité
inhabituelle de réaction des FAR. En moins d'un quart d'heure et
pendant que nous avertissions la MINUAR par une radio de jeep
Minuar, les tirs ont directement commencé provenant à mon avis du
bout de piste et tirant en direction de Kabuga.

Selon les renseignements que j'ai eu au camp de Kanombe et autour du
camp par les boys et les religieuses, les Tutsis ont été liquidés
dès la 1iere nuit, les opposants et les suspects au régime malmenés,
pillés et certains tués à partir de la 2ieme nuit et un massacre
systématique de tous les témoins oculaires potentiels dès la 3ieme
nuit.

Il faut savoir ici qu'une tentative a été faite pour faire croire à
un tir à partir du CND (FPR). Comme cela n'était pas crédible, les
témoins oculaires devaient semble-t-il disparaître.

Le samedi matin [9 avril] l'épouse de l'adjudant principal (FR)
para-cdo Jeanne Jean-Michel est arrivée en pleurs chez nous, disant que son
boy avait pu s'échapper des massacres des quartiers avoisinants,
qu'il déclarait qu'on tuait à ce moment-là tout le monde, qu'on
expliquait que c'était la faute des Belges et qu'il fallait
absolument que nous partions le plus rapidement possible.

A noter que j'ai été travailler à l'hôpital jeudi [7 avril] et
vendredi [8 avril] à la grande surprise des Rwandais et qu'on me
confirmait que le tir était parti de Kabuga et qu'il y avait des
témoins oculaires pour dire que c'était des Belges qui avaient tiré.

Notre sortie de Kanombe a été réalisée et facilitée par le Cdt
Para-Cdo français De Saint-Quentin
et le major rwandais (Comd Bn Para rwandais)
Ntabakuze.

A noter que dès l'explosion de l'avion présidentiel, j'ai contacté
le Cdt De Saint-Quentin pour organiser une coordination -- prévoyant
le pire -- et sa femme me déclara que les militaires français
étaient déjà partis sur les lieux de l'accident. Le Cdt français me
déclara ensuite qu'ils étaient probablement les seuls à être
autorisés à approcher l'avion mais qu'il fallait attendre le jour
pour essayer de récupérer la boîte noire.

Les gens des environs, réfugiés à la maternité de l'hôpital de
Kanombe ont déclaré aux soe urs que les massacres de la 3ieme nuit
(systématiques) ont été ordonnés par une compagnie du régiment
Para-Cdo... de Kanombe -- à vérifier -- vu l'importance des rumeurs
au Rwanda.

Je peux ajouter que des anciens amis français de Kigali, avec
lesquels nous sommes toujours en relation téléphonique, semblent
affirmer que Brigitte Minaberiindex{Minaberry Brigitte}
[Minaberry], la femme du copilote de l'avion présidentiel, écouta
avec une radio personnelle l'approche de l'avion. Elle aurait
entendu à plusieurs reprises (5 x) la tour de contrôle de Kigali
demander si le président burundais était à bord. Info supplémentaire
mais à vérifier avec prudence : on aurait entendu ``Perinne'', le
mécanicien de bord dire : ``Tiens ils ont coupé les lumières'' (de
l'aéroport).

A ma connaissance le personnel de bord de l'avion présidentiel était
composé de :

- Héraut : pilote

- Minaberi : co-pilote

- Perinne : dit ``Pépé'', mécanicien de bord

Je fréquentais régulièrement ces personnes et nous entretenions des
relations d'amitié.

A votre demande je réponds que les bruits courent que l'attentat
aurait été commandité par la faction dure du pouvoir (CDR,
belle-famille du Président, Col Bagosora,
Sagatwaindex{Sagatwa Elie}, clique des durs de laquelle faisait
aussi partie Baransalitse et Serubuga.
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