Résumé
- L'aide humanitaire internationale commence véritablement à arriver à l'aéroport de Kigali : 14 atterrissages d'avions-cargos en 14 heures depuis la réouverture des pistes hier soir [31 juillet]. Elles ont été remises en état de fonctionnement par les troupes américaines. Certains de ces avions ont été affrétés par l'Allemagne, la Grande-Bretagne, l'Australie, le Canada ou bien encore l'ONU. Une centaine de soldats américains travaillent sur l'aéroport. Le secrétaire américain à la Défense a affirmé qu'il faudrait 3 000 soldats US dans les jours qui viennent pour soutenir l'opération humanitaire.
- Par ailleurs un premier contingent de 60 Britanniques devait arriver ce soir au Rwanda. Ils seront 600 dans les deux semaines à venir. Sur place les chiffres sont terribles : 50 000 réfugiés auraient trouvé la mort dans les camps, et cela en deux semaines simplement. Ce sont des chiffres fournis par l'UNICEF. L'intervention des militaires français pourrait se prolonger au-delà de la date butoir du 22 août. C'est ce qu'a laissé entendre hier [31 juillet] Edouard Balladur lors d'une visite éclair à Goma.
- Aujourd'hui les organisations humanitaires luttent sur deux fronts : le choléra et la dysenterie. Les réfugiés qui veulent rentrer au pays pour échapper à la maladie sont de plus en plus nombreux.
- Candidats au retour, des réfugiés puisent dans leurs dernières ressources. Au poste principal les contrôles se sont remarquablement allégés. Mais sur la route qui s'enfonce vers Kigali, les nouvelles autorités s'acquittent d'une tâche bien particulière : encadrer ceux qui rentrent. Une mission aisée : certains trop faibles n'ont pas le choix, d'autres semblent avoir rapidement changé d'avis sur les nouveaux maîtres du pays.
- Les patrouilles militaires, omniprésentes, ne peuvent toutefois rien contre la situation sanitaire de milliers de personnes épuisées par des jours de marche. Des nouveaux camps de déplacés surgissent sur la route du retour. Mêmes images qu'au Zaïre, même inquiétude. La malnutrition et le choléra y font déjà leur ravage.
- Dans la ville désertée de Ruhengeri, il y a bien quelques colonnes de réfugiés. Mais ici la politique a nettement l'avantage sur l'humanitaire. Priorité du nouveau gouvernement de Kigali : reprendre en main la population. Le Rwanda exsangue a besoin de cadres dûment rééduqués pour réconcilier le pays. Deus Kagiraneza, "F.P.R., Préfet de Ruhengeri" : "Ça n'exclut pas que les meneurs, les leaders de ces massacres, de ce génocide seront poursuivis par la communauté internationale et seront traduits, jugés".
- La Croix-Rouge française a envoyé ce matin à Goma un avion-cargo chargé de 100 tonnes de marchandises, dont 23 de médicaments, cinq stations de traitement d'eau et des véhicules tout-terrain. Les dirigeants de cet organisme espèrent envoyer ainsi un avion par semaine.