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9 avril 2024
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L'ambassadeur Marlaud affirme sur Radio France internationale que le nouveau gouvernement est conforme aux accords de paix d'Arusha

Numéro : 5564
Date : 11 avril 1994
Auteur : Boisbouvier, Christophe
Titre : Transcription de l'émission Afrique Midi, RFI - Interview de l'ambassadeur Marlaud
Source : RFI
Résumé : Selon Jean-Michel Marlaud, le gouvernement rwandais qui vient d'être nommé en remplacement de celui du Président Habyarimana correspond aussi bien aux dispositions de l'ancienne Constitution rwandaise qu'aux dispositions de l'accord d'Arusha lui-même, et la répartition des ministères et des portefeuilles ministériels entre les partis politiques est resté identique à ce qu'elle était dans le cadre du partage du pouvoir qui avait été prévu par les accords d'Arusha.
Commentaire : Interrogé par Christophe Boisbouvier sur le nouveau gouvernement rwandais, l'ambassadeur de France, Jean-Michel Marlaud, affirme (page 4) que « la répartition des ministères et des portefeuilles ministériels est restée identique à ce qu'elle était dans le cadre du partage du pouvoir qui avait été prévu par les accords d'Arusha ». Ceci est complètement faux. L'accord d'Arusha signé le 4 août 1993, prévoyait l'installation des institutions de transition dans les 37 jours après cette signature, soit au plus tard le 11 septembre 1993. Cf. Article 7 de l'Accord de paix d'Arusha entre le Gouvernement de la République rwandaise et le Front patriotique rwandais. L'article 6 prévoyait que M. Faustin Twagiramungu serait le Premier ministre de ce Gouvernement de Transition à Base élargie. M. Marlaud, auditionné devant la Mission d'information le 13 mai 1998, a reconnu avoir accepté qu'il n'en soit pas ainsi lors d'une réunion tenue le 8 avril 1994 dans son ambassade. Le Protocole d'accord sur le partage du pouvoir prévoyait cinq portefeuilles ministériels pour le Front patriotique rwandais (FPR). Cf. Accord d'Arusha sur le partage du pouvoir, 9 janvier 1993, articles 55 et 56. Le FPR n'obtient aucun portefeuille dans ce nouveau gouvernement formé lors d'un coup d'État que l'ambassadeur a contribué à camoufler.
Citation: « RFI voix de la France ou voix de Kagame ‘? » Pierre Péan Noires faveurs, blancs menteurs : Ru-‘anda 1990-1994 quard/Mille et une nuits, 2005. Mission d’étude sur le Rwanda Retranscription des journaux Afrique de RFI 1990 - 1994 Tome II ] ” janvier 1994 — ] 8 juillet 1994 Vanadis Feuille Pierre-Edouard Deldique Octobre 2006 523/ Afrique midi (1994 ]AF 0101 B) - 11 avril 1994 P = Donaig Le Du Direct avec Christophe Boisbouvier de Kigali : (Q. de D. le D. : Alors où est—ce qu'on en est ce matin sur le plan militaire ?) Il n’y a toujours pas de cessez le feu. Le général Roméo Dallaire se démène. Il fait la navette en avion entre le gouvernement de Kigali et les rebelles dans leur quartier général de Mulindi. Pour l'instant, les deux camps n'arrivent pas à s’entendre. . .Les combats continuent. le les entends, tout le monde les entend. .. Quand au nord du pays, il est très difficile de savoir ce qui s'y passe parce qu'il y a très peu de témoins. On ne sait pas si les rebelles avancent toujours. Ce qui est certain c'est qu’ils ne sont pas en vue de la capitale. Le gouvernement intérimaire affirme que la progression aurait été bloquée sur les trois fronts du nord, devant Ruhengeri, Byumba et dans le Mutara. Des sources indépendantes, notamment des confrères qui étaient sur place il y a 48 heures, confirment que samedi, les rebelles étaient surpris par la capacité de résistance de l'artillerie de l’armée régulière, que l'on croyait désorgarfisée. Et donc qu'ils ne pouvaient pas s'emparer de Byumba. Mais je vous le rappelle, c'était avant— hier et tout ça a pu bouger. Tout va très vite. Le pays est petit. Byumba n’est jamais qu’à 80 km de Kigali. (Q. de D. le D. : Christophe, vous avez traversé Kigali ce matin. Quel spectacle offre la ville ?) Aucun véhicule ne circule en dehors de ceux des utilitaires français, Nations unies et de quelques voitures diplomatiques. Les gens restent terrés chez eux. Il reste un certain nombre de cadavres sur les chaussées, notamment dans les quartiers populaires. Et vous croisez de loin en loin de petits groupes de personnes visiblement assez excitées avec des coupe—coupes à la main. » Itw d’Emile Rwamasirabo, un des responsables du FPR à Kampala (Farida Ayari) : «Nous tenons ce gouvernement comme étant responsable de tout ce qui se passe actuellement. Quand on voit la composition de ce gouvernement, on voit très bien qu’il s’agit de la bande la plus extrémiste de la politique rwandaise. Prenez l’exemple de l'actuel ministre de l’Intérieur. Vous avez peut être entendu parler de ce qu'on a appelé « l'escadron de la mort ». Mais il fait partie de cet escadron de la mort. Il a même été cité dans le rapport de la Commission internationale des droits de l'homme pendant les massacres des populations du Bugesera. Comment voulez-vous que l’on négocie avec des gens qui sont à l‘origine de ces tueries ? Comment voulez— vous que l'on négocie avec des gens qui ont massacré en deux, trois jours plus de 10 000 personnes ? C'est inimaginable. Ce qu'il faut maintenant, c’est avancer le plus vite possible vers Kigali. Essayer de sauver ce qui peut être sauvé. » 57 :]ean—Michel Marlaud, ambassadeur de France à Kigali. - Jean—Michel Marlaud, ambassadeur de France à Kigali (Christophe _ . ouvier) : Ï =* stade, nous avons évacué 617 expatriés. Ce matin, il y en a 89 Ÿ " » lémentaires. . . gde C. B. : Expatriés de toute nationalité ? : triés de toute nationalité bien sûr mais surtout des Français. .. "‘» . de C. B. : Es-ce qu'au terme des évacuations, il restera des Français au ' dada ?) . Ceux qui ne veulent pas partir, nous n'avons pas la possibilité de les forcer. :'-Ïü de C. B. : Par exemple ?) " y a un certain nombre de pères ou de sœurs qui parfois refusent d'être évacués. .. r ailleurs, pour l'instant, l'ambassade reste ouverte. . de C. B. : Vous pensez évacuer tout le personnel diplomatique avec la fin de ? 'évacuation ?) Pour l'instant, l'ambassade elle restera ouverte. _ (Q. de C. B. : Quelle est la mission de cette force française à Kigali aujourd’hui ? " C'est uniquement l'évacuation ou c'est éventuellement le maintien de l’ordre sur l'aéroport et sur quelques autres zones sensibles ?) La mission des forces françaises est d’assurer la sécurité des ressortissants français et étrangers qui souhaitent quitter le Rwanda. (Q. de C. B. : Rien d'autre ?) C'est la mission qui leur a été assignée. Ca a été dit à Paris très clairement. (Q. de C. B. : Y a t il beaucoup de Français décédés ?) En dehors de l'équipage de l’avion présidentiel, nous avons un décès confirmé. (Q. de C. B. : Un père blanc dans le sud du Rwanda ?) Oui mais vous me permettrez de ne pas trop donner de détails parce que je crains est ouverte. Tant qu'il n’y aura pas de décision contraire, directement. Je préfère ne pas m’étendre. (Q. de C. B. : On parle de cessez le feu depuis 24 heures. Où en est-on ce lundi midi ?) Les discussions sont toujours en cours... C’est la Minuar qui sert d’intermédiaire. Pour l'instant, ça n'a pas abouti. (Q. de C. B. : Est—ce que vous croyez ça possible dans les heures qui viennent étant donné les conditions posées d'un côté comme de l‘autre ?) Le gouvernement rwandais a aussitôt appelé à un cessez le feu, que pour l’instant le FP a rejeté. Il reste à savoir si le FPR finira par accepter ce cessez le feu dans tout le pays. (Q. de C. B. : Le gouvernement rwandais qui vient d'être nommé il y a quelques jours est dénoncé par certains comme un gouvernement de durcissement contre le FPR ? Qu‘en pensez-vous ?) En ce qui concerne le remplacement du président Habyarimana, le nouveau chef de l'Etat par intérim et l'ancien président de l’Assemblée nationale, ce qui correspond aussi bien aux dispositions de l'ancienne Constitution rwandaise qu’aux dispositions de l’accord d’Arusha lui-même, et la répartition des ministères et des portefeuilles ministériels entre les partis politiques, est resté identique à ce qu’elle était dans la cadre du partage du pouvoir qui avait été prévu par les accords d’Arusha. En ce qui concerne maintenant l’appréciation du rapport de forces politique au sein de ce gouvernement, là chacun peut avoir une appréciation différente. (Q. de C. B. : Si demain il y a un cessez le feu, est—ce que vous imaginez un accord politique possible encore dans l'esprit des accords d‘Amsha, après tout ce qui s’est passé ces derniers jours ?) Ce qui est certain, c'est qu'il n’y a pas de solution au problème du Rwanda, s'il n'y a pas de réconciliation, s'il n’y a pas de capacité à travailler et à vivre ensemble. Les accords d’Arusha étaient un effort dans cette direction. C’est la seule voie pour sortir de la crise rwandaise. » 524/ Afrique soir (1994 ]AF 0101 C) - 11 avril 1994 P = Pascal Gautier T = Le FPR tente de mettre la pression sur Kigali. La Minuar n’a toujours pas réussi à obtenir une trêve. Les organisations humanitaires évacuent leurs personnels et la plupart des étrangers ont quitté le Rwanda à l'exception des Belges. P : Kigali ne sort donc pas du cauchemar. Ce matin, des combats à l'arme lourde ont repris entre l’armée et le bataillon du FPR qui est encerclé. Quant aux massacres, ils se sont poursuivis. Ce soir ou demain, la situation pourrait peut être encore s'aggraver. Il semble, il semble, que les renforts du FPR soient de plus en plus près de Kigali. Direct avec Christophe Boisbouvier de Kigali : (Q. de P. G. : Est—ce qu'il y a des éléments qui permettent de savoir si effectivement les renforts du FPR ne sont plus très loin de Kigali ?) Je crois qu’il faut être très prudent pour l'instant car toutes les informations dont nous disposons sont parcellaires. Ce qui est certain, c’est qu’il n’est plus question de cessez le feu pour l’instant. Ce matin, les rebelles ont appelé par radio tous les Rwandais à combattre, je cite, le g0uvemement d’assassins qui vient d'être norruné à Kigali, fin de citation. Leur avant—garde a un objectif en effet, descendre le plus vite du nord du pays pour faire la jonction avec les 600 rebelles encerclés dans Kigali depuis cinq jours. 600 rebelles qui se battent avec l'énergie du désespoir, qui essaient même de percer avec même, c’est une surprise, beaucoup d’artillerie lourde. L'armée gouvernementale résiste. Elle s'était formée en hérisson aut0ur de Byumba à 80 km au nord de la capitale. Elle semble avoir bien résisté aux premières attaques rebelles de vendredi et samedi dernier. Il est difficile de savoir si elle résiste toujours avec 60 '

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