Soustitre
Une lecture géo-historique du génocide des Tutsi au Rwanda est essentielle afin de comprendre son inscription dans le territoire et l'espace comme condition de son efficacité. Rappelons que la maîtrise du foncier se trouvait au cœur des théories extrémistes hutu, héritées du mythe hamitique et des fantasmes coloniaux autour de la région des Grands Lacs. Deux échelles de lecture de l'espace du génocide peuvent ainsi être proposées : d'une part à l'échelle nationale, il s'agit d'examiner les modalités par lesquelles la politique d'extermination s'est inscrite dans la structure territoriale et administrative ; et d'autre part, de prêter attention au rapport à l'espace tant des victimes que des tueurs dans une perspective plus micro-historique.
Résumé
Inscrit dans un espace-temps singulier, le génocide des Tutsi ne saurait se comprendre sans une étude fine des espaces dans lesquels il se déploie. En effet, la maîtrise des particularités topographiques comme des voies de circulation accroissent l'efficacité des massacres, les victimes étant prises au piège des frontières vicinales. À partir d'études empiriques, cet article envisage donc cette dimension essentielle de l'efficacité du génocide : la prise de possession de l'espace.