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9 avril 2024
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François Mitterrand : « Notre intervention ne semble désirée par personne, même par ceux que nous voulons sauver. Sans doute préfèrent-ils qu'ils n'y ait pas de témoins à leur victoire »

Numéro : 155
Date : 22 juin 1994
Auteur : Bentégeat, Henri
Titre : Conseil restreint
Source : Présidence de la République (France)
Fonds d'archives : FM
Résumé : Évoquant les dispositions pratiques de l'opération Turquoise, le Président Mitterrand se déclare favorable à une intervention brève, de style « coup de poing », qui doit être à la fois symbolique et réelle. Et le Président d'ajouter : « Notre intervention ne semble désirée par personne, même par ceux que nous voulons sauver. Sans doute préfèrent-ils qu'il n'y ait pas de témoins à leur victoire ».
Commentaire : Ce conseil restreint se tient la veille de l'entrée des militaires de l'opération Turquoise au Rwanda. François Mitterrand souhaite une intervention « brève de style "coup de poing" ». C'est donc une opération militaire en force et il demande si le FPR est « en mesure de s'y opposer militairement ». Il a cette phrase terrible : « Notre intervention ne semble désirée par personne, même par ceux que nous voulons sauver. Sans doute préfèrent-ils qu'ils n'y ait pas de témoins à leur victoire ». Ainsi reconnaît-il que cette opération destinée à sauver des Tutsi pourrait aussi contester la victoire du FPR. L'amiral Lanxade, chef d'état-major, lance : « Nous avons très peu d'informations sur la partie prise par le FPR. Le vide a été fait par les Tutsis ». Identifiant également les Tutsi à l'ennemi FPR, Mitterrand enchaîne : « Les Tutsis vont instaurer une dictature militaire pour s'imposer durablement ». Et il conclut : « Une dictature reposant sur dix pour cent de la population gouvernera avec de nouveaux massacres ». Lanxade dévoile la connivence avec les auteurs du génocide en disant : « Un des problèmes est l'établissement d'un contact technique avec les F.A.R. en gardant une visibilité réduite ». François Léotard, ministre de la Défense, affirme que « le FPR tente de s'emparer complètement de Kigali et fait effort sur Butare et Kibuye. » Cette annonce d'une offensive du FPR sur Kibuye s'avérera fausse. Elle reprend la propagande du Gouvernement intérimaire rwandais qui assimile à des combattants du FPR infiltrés les survivants tutsi qui résistent encore à leurs tueurs à Bisesero, dans la zone gouvernementale. François Mitterrand sidère en rappelant qu'il « ne faut pas manquer de dénoncer le génocide perpétré par les Hutus ». Il l'attribue à une crise de folie.
Citation: CONFIDENTIEL DEFENSE CONSEIL RESTREINT Mercredi 22 Juin 1994 SITUATION AU RWANDA reint, présidé par le M. BALLADUR er ministre M. LEOTARD tra d'Etat, ministre de la se M. JUPPE tre ïes affaires étrangères M. ROUSSIN tre e la coopération PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE M. VEDRINE Secretaire général Général QUESNOT _ Chef%da l'état-major particulier M. DELAYE Conseiller CABINET DU PREMIER MINISTRE M.BAZIRE Direateur du cabinet Chef iu cabinet militaire SECRETARIAT GENERAL DE LA DEFENSE NATIONALE ! Général LERCHZ Secrétaire général | : MINISTERE DES AFFAIRES ETRANGERES M.DUFOURCQ Secrétaire général MINISTERE DE LA DEFENSE ‘ Amiral LANKADE Chef d'état—Major des armées Général MERCIER Chef du caoinet militaire SECRETARIAT GENERAL DU GOUVERNEMENT M.DENOIX DE SAINT MARC Secrétaire général —cGo- SECRETARIAT Colonel BENTEGEAT Etat-major particulier |CflNFIHI—‘BJTIH n:tcmcr' , » ,). R W A N D A PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE Le problème rwandais a été longuement évoqué ce matin au Conseil des ministres. Je voudrais maintenant qu'on parle des dispositions pratiques. Le Premier ministre et moi-même ainsi que l'ensemble des ministres partageons la même analyse ; une intervention, oui mais brève, de style "coup de poing". Elle doit être à la fois symbolique et réelle. Notre intervention ne semble désirée par personne, même par ceux que nous voulons sauver. Sans doute préfèrent-ils qu'il n'y ait pas de témoins à leur victoire. Aussi, je ne veux pas risquer la vie de soldats français pour rien. L'intervention sera limitée dans le temps et l'espace. MINISTRE DE LA DEFENSE L'opération a débuté depuis 24 heures. Les éléments précurseurs sont aujourd'hui à Goma. Nos forces seront réparties sur trois sites, au Zaire, dont Bukavu et surtout Goma prés de la frontière rwandaise. Le volume des forces doit atteindre progressivement 2.500 hommes comme l'a proposé 1.500 viendront des es _ En ce qui concerne l instruction, nous serons en me … site à Cyangugu où 8.000 tut ensuite des reconnaissances e loin. ‘ . es et 1.000 de métropole. elle-méme, si j'en reçois oœotéger dès demain un premier bt menacés. Nous attendrons pseignements pour aller plus K Sur le terrain, le :.P.-. tente Kigali et fait donc pour l'in nous pourrons env' des populations, d ‘ € Je remarque que la MINUAR a réussi hier deux opérations d'échange entre réfugiés hutus et tutsis à Kigali. Nous verrons donc après s'il fbut aller au-delà du premier objectif et avec quels moyens. Je souhaite que nous n'occupions pas durablement une tie ou territoire :wändais. Je ne crains pas tant les risques .il iras une nouvelfle campagne politique contre notre intervention. Si donc, l'instr au Zaire ce soir, 1.20 véhicules et 40 avions. er complètement de . 3 nous limiteron3' la frontière et ensuite va-et-vient pour sauver Ul rf û’ (D hun Q) [: |0 … |î [" fl) ;] m( H‘ ’J U C. (D‘< … (D 'Z. 0 CH HU uction en est d nnée, nous aurons 600 hommes 0 demain et 2.300“ le 25 au soir avec 500 PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE Ces disposations so…: sans doute connues du F.P.x Sont—115 en mesure de t'y oppose: militairement sur le terrain ° MINISTRE DE LA DEFENSE Non, pas dans l'immédiat. COHF1DEËTKÈL DEFEî—.SE _— L U “ Tl L'Elï | lE.L U EI'ELN O>E BEEfilQENË_DE_LA_EE£HÊLIQHE Ces tutsis ont un commandant militaire intelligent et ferme. Comment se fait-il qu'à trois reprises, il y a un an et deux ans, la seule présence d'une compagnie française ait pu les dissuader* de continuer ? Elle représentait, certes, une armée forte et disciplinéé mais comment pouvait—elle faire impression à ce pOint ? CHEF D'ETAT—MAJOR DES ARMEES était liée à un dispositif de étaient rassurées par la présence nos cbopérants leur donnaient la enir le ? P.R. >urd'hui est la suivante : la Cette présence fr coopération militaire. Les française et les conseils capacité et la volonté de co La question que je front va-t—il s'effondrer ? vus sur la partie prise par le :sis. Si le front s'effondre, on va se retrouver en avec plusieurs millions de personnes fuyant vers le Zaire. Nous aurons un phénomène identique a celui des Kurdes quand les Irakiens sont entrés dans le nord, avec des millions de réfugiés. F.P.R.. Le vide a été f PRESIDENT DE LA REPQBLIQQE Les TutSiS vont instaurer une dictature militaire pour s'imposer durablement. PR M R M NI RE () (D :‘J (D U) rt 'U 01 U) 0 (D |__: [D .0 s.. ! ,- (D U) W ' 1 H (l)) (| JD ' 1 {D CHEF D'ETAT—MAJOR DES ARMEES Il y a la même situation au Burundi. PRE IDENT DE LA R P BLI E H Une dictature reposant su dix pour cent de la population gouvernera avec de nouveaux massacres. Sur l'opération elle-même, pounez—vous nous donner quelques informations complémentaires ? “ CHEF D'ETAT-MAJOR DES ARMEES Nous poursuivons notre déploiement sur les bases au Zaïre et nous pourrons lancer demain des opérations coup de poing vers Cyangugu , si1la résolution est votée à l'O.N.U. PREMIER MINISTRE Nous n’avons aucun espoir de ramener au Zaïre les 8.000 tutsis de la zone ? _[Ê_ÛN_FIÜEHTIEL DEFEHSE …ÆÜAËMFISDENTIEL DEFENSE Il faudra voir sur place. Un des problèmes est l'établissement d'un contact technique avec les F.A.R. en gardant une visibilité réduite. PRE D NT DE A RE BL E C'est une mauvaise affa voulait qu' on intervienne to l'inverse. La propagande du P. P. la naïveté des diplomates et de ira. Il y a huit jours tout le monde suite. Maintenant, c’est à Bruxelles est très efficace et journalistes est déconcertante. D'abord, que fait-on des tutsis tallons au Zaïre, soit nous les " cela dans la perspective de notre menacés ? Soit nous maintenons sur place. départ fin juillet. Ensuite, sur le pl médiatique, si nous réussissons on saluera notre courage mais si, dann une deuxième phase, cela s'aggrave après notre retrait, nous serons accusés. Il faut donc que tout le monde comprenne qu'il s'agit d'une opération de sauvetage. PRE D NT E A RE BL Ne pourrait—on pas éventuellement ramener les tutsis menacés en zone F.P.R. ? ÇHEE D'ETAT-MAQQR DES ARMEES Ce n'es: pas impensable si nous avons l'accord du F.P.R. N A RE LI Il ne faut pas manquer de dén01cer le génocide perpétré par les Hutus. La folie s'est emparée d'eux après l'assassinat du Président Habyarimana. ' MINISTRE DE LA CQQPERATION 'ai une question, monsieur le essayer de convaincre nos parteiaire l'opération ? Je vais au Niger ou je symbolique. ?résident. Dois-je continuer à & africains de' participer a peux demander un contingent PREMIER MINI TRE « J'y suis trés favorable. PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE Oui, bien sûr. Monsieur le minist informé en permaneÎce oä , nse, Amiral, je veux être tenu EâT|EÊ DEFENSE -rf°

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