Selon Gérard Araud, le gouvernement Balladur aurait voulu dès sa prise de fonction retirer les troupes françaises du Rwanda. Ceci n'est pas confirmé par les documents. En effet, le 2 avril 1993,
Edouard Balladur déclare : « nous pouvons mettre un millier [de soldats] de plus ». L'opération d'évacuation Amaryllis du 9 au 14 avril 1994 n'est pas évoquée. Alain Juppé a dit «
ce qui est en train de se perpétrer actuellement au Rwanda mérite le nom de génocide » non pas le 15, mais
le 16 mai 1994 à Bruxelles. Il l'a répété le 18 mai devant l'Assemblée nationale, mais il n'en a pas tiré les conséquences, quand, lors de l'opération Turquoise, la France avait un mandat des Nations unies autorisant le recours à la force pour arrêter les auteurs présumés du génocide.
La note du Quai d'Orsay du 7 juillet 1994 indique que «
la demande est exprimée que nos forces interviennent directement pour l'arrestation et la détention des auteurs des massacres : il s'agit là d'une action qui, en dehors des flagrant délits, ne relève pas du mandat qui nous a été donné ». L'erreur dans l'affirmation que Balladur s'est rendu au Rwanda le 29 juin 1994 suggère que l'auteur ne s'est pas fatigué à faire des vérifications dans ses archives. L'observation de Gérard Araud selon laquelle l'amiral Lanxade, chef d'état-major des armées, «
pouvait, en permanence, jouer le président contre le gouvernement et vice versa », vient pondérer son affirmation selon laquelle «
l'état-major [était] farouchement opposé » à l'intervention au Rwanda en juin 1994. Jugeant que «
le Rwanda est devenu la Prusse de la région des Grands Lacs », ce diplomate révèle sa pensée profonde, débordant de haine à l'égard de ceux qui ont mis fin au génocide des Tutsi.