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Mise à jour :
3 août 2023 Anglais

Général Germanos : « Nous ne sommes pas venus nous battre ici, nous sommes venus empêcher qu'un parti ou l'autre commette des exactions »

Fiche Numéro 3527

Numéro
3527
Auteur
Poivre d'Arvor, Patrick
Auteur
Nakad, Nahida
Auteur
Renouil, Sébastien
Auteur
Marque, Isabelle
Auteur
Hémart, Gilles
Auteur
Ferey, Jean-Pierre
Date
6 juillet 1994
Amj
19940706
Heure
20:00:00
Fuseau horaire
CEST
Surtitre
Journal de 20 heures [6:48]
Titre
Général Germanos : « Nous ne sommes pas venus nous battre ici, nous sommes venus empêcher qu'un parti ou l'autre commette des exactions »
Soustitre
Kigali semble avoir été vidée d'une grande partie de sa population, des Hutu pour la plupart.
Nom fichier
Taille
24327007 octets
Source
TF1
Fonds d'archives
INA
Type
Journal télévisé
Langue
FR
Résumé
- L'aéroport de Kigali rouvrira demain [7 juillet]. Un Hutu modéré, président du MDR, a accepté de former un gouvernement d'unité nationale. Pour l'heure l'armée gouvernementale est en déroute. Elle charrie avec elle des dizaines de milliers, peut-être même des centaines de milliers de réfugiés.
- C'est la débandade de l'armée rwandaise. Nous sommes sur la route de Kigali, les soldats gouvernementaux viennent de quitter la capitale, tombée aux mains des rebelles du FPR. Des centaines de milliers de civils les accompagnent dans leur fuite. À 60 kilomètres de Kigali, un premier groupe de réfugiés a fait tout le chemin à pied, sans s'arrêter. Ils avancent vers l'Ouest, dans la seule région que les forces gouvernementales contrôlent encore. Un réfugié : "J'avais neuf enfants. C'est le seul qui me reste. Ils me les ont tous tués".
- Kigali semble avoir été vidée d'une grande partie de sa population, des Hutu pour la plupart. L'armée gouvernementale les a prévenus il y a deux jours qu'elle se préparait à quitter la ville. C'était la dernière bataille menée par les soldats rwandais. Ils ont ouvert une brèche dans les lignes rebelles qui encerclaient la capitale pour battre en retraite.
- Ils se sont repliés sur Ruhengeri au nord-ouest du pays. C'est ici que se trouve le préfet de Kigali qui était parmi les premiers à fuir. Colonel Renzaho, "Ex Préfet de Kigali" : "Il fallait évacuer, nous n'avions plus de munitions ! Ce n'est pas la force qui nous manque ! On a décidé d'évacuer, de nous replier ! Et de nous organiser ! En attente d'une reprise de Kigali !".
- Mais la population civile n'a plus confiance et l'exode continue. Ceux qui n'ont plus la force de marcher se sont arrêtés à Rushashi, à une trentaine de kilomètres de Kigali. Ils sont seuls, aucune organisation humanitaire n'est venue à leur rencontre. Ces réfugiés ne resteront pas ici longtemps, les combattants du FPR avancent un peu plus chaque jour. Ils continueront donc leur marche et iront le plus loin possible. Ils espèrent pouvoir rejoindre les régions contrôlées par l'armée française avant d'être rattrapés par leurs pires ennemis.
- À Stockholm le Front patriotique du Rwanda a promis de repousser les soldats français. Mais sur place la situation reste calme.
- La montée en puissance de l'opération Turquoise est faite : 2 500 hommes et 500 véhicules s'y consacrent sur le terrain. À Gikongoro, le poste le plus avancé des Français sur le front tenu par le Front patriotique rwandais, la section de mortiers lourds du 11ème régiment d'artillerie de marine, s'installait encore cet après-midi en enterrant les munitions et en cachant les véhicules.
- Ce matin, le capitaine de frégate Gillier, chef des fusiliers marins du commando Trépel, montrait les dernières tranchées creusées ça et là sur la colline. Ses hommes sont aidés par des volontaires envoyés par le maire. En l'absence de tout incident, la tension a baissé. Mais les Français restent vigilants. Marin Gillier, "Capitaine de Frégate" : "Nous sommes prêts à toute éventualité, en souhaitant qu'il ne se passe rien. C'est pour ça que nous sommes là, pour qu'il y ait le moins de morts possible. Nous sommes prêts à tout ".
- Que ce soit sur les collines qui entourent la ville ou au milieu des camps de réfugiés démunis de tout, les Français rassurent. C'est ce qu'est venu constater le général Germanos, l'adjoint "opérations" du chef d'état-major des armées, dans une tournée en hélicoptère. Il en a profité pour rappeler en les martelant les buts d'une mission dont les limites ne sont pas toujours claires. Général Germanos : "Notre intention est clairement affichée : nous ne sommes pas venus nous battre ici, nous sommes venus empêcher qu'un parti ou l'autre commette des exactions. Aujourd'hui nous avons affiché clairement où nous étions et quelle était la zone que nous entendions protéger".
- Sauf incident grave, la mission Turquoise est donc maintenue dans le cadre de sa mission : protéger les populations à l'intérieur de la zone de sécurité actuelle jusqu'à fin juillet. La question reste toujours de savoir si l'ONU aura pris le relais à cette date.
- Isabelle Staes de France 2 et le photographe José Nicolas de l'agence Sipa ont été blessés par balles alors qu'ils venaient de franchir en voiture la ligne de front entre Gikongoro et Kigali.
- Hier [5 juillet] Valéry Giscard d'Estaing a critiqué l'évolution de l'opération Turquoise. Ses propos ont été relayés peu après par Charles Millon et Jacques Baumel. En revanche le porte-parole du gouvernement, Nicolas Sarkozy, juge que l'opération Turquoise est un succès et qu'elle n'a pas changé de nature. Mais le ministre belge de la Défense estime qu'elle dépasse les limites de la simple intervention humanitaire. Léo Delcroix : "Au début, ça semblait une action strictement, purement humanitaire. Maintenant on constate que les soldats français sont de plus en plus mêlés dans la situation interne, dans le combat militaire et politique. Quand l'opération devient de plus en plus militaire et politique, là, on est un peu réticent".
- Toutes ces critiques ont beaucoup irrité le ministre français de la Défense, François Léotard. François Léotard : "Je vous prie de comprendre ce que peut être le désarroi, l'inquiétude ou la réaction d'un militaire en train d'agir lorsqu'il entend des commentaires qui peuvent désavouer son action. Je crois qu'avant l'opération, il est bon que chacun s'exprime. Lorsqu'elle a lieu, le civisme implique que tout le monde soit solidaire des soldats de la France. Dire que nous pourrions, compte tenu de la situation nouvelle et des centaines de milliers de réfugiés, à partir du Zaïre, assurer la protection de plus d'un million de personnes, c'est quelque chose qui n'est ni raisonnable, ni responsable ! Parce que ce n'est pas vrai ! Parce que c'est totalement impossible ! Et si nous quittions maintenant, comme on nous le propose, ces camps, les exactions et les massacres reprendraient ! Qui pourrait ne pas comprendre cela ? Alors si on dit ça pour des raisons qui sont des raisons de politique intérieure, je crois que c'est dommage et que ça nuit à la crédibilité de ceux qui s'expriment de cette manière".