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Mise à jour :
8 novembre 2023 Anglais

Jacques Rosier : « À partir des premiers renseignements qu'on a recueillis sur le terrain, il semblerait que les infiltrations du FPR soient une réalité »

Fiche Numéro 3417

Numéro
3417
Auteur
Masure, Bruno
Auteur
Duquesne, Benoît
Auteur
Boisserie, Philippe
Auteur
Maizy, Éric
Auteur
Staes, Isabelle
Auteur
Pons, Pascal
Auteur
Manier, Stéphane
Auteur
Cornet, François
Auteur
Boussié, Laurent
Auteur
Lemaire, Jean-Marie
Auteur
Flégeau, Gérard
Auteur
Olliéric, Dorothée
Auteur
Bony, Jérôme
Auteur
Cathala, Jérôme
Auteur
Gérard, Jacques
Auteur
Deveaux, Jacques
Auteur
Camilla, Gabriel
Auteur
Mourgues, Anne
Date
25 juin 1994
Amj
19940625
Heure
20:00:00
Fuseau horaire
CEST
Surtitre
Journal de 20 heures [53:54]
Titre
Jacques Rosier : « À partir des premiers renseignements qu'on a recueillis sur le terrain, il semblerait que les infiltrations du FPR soient une réalité »
Soustitre
Édition spéciale Rwanda.
Taille
182560364 octets
Source
Fonds d'archives
INA
Type
Journal télévisé
Langue
FR
Résumé
- Aujourd'hui encore, les soldats de l'opération Turquoise ont poursuivi leur mission de reconnaissance dans la partie ouest du territoire rwandais. À Bukavu, le point le plus au sud du dispositif français, les premières reconnaissances françaises en territoire rwandais se sont très bien passées. Les militaires sont passés à une nouvelle étape de leur dispositif : à partir de demain [26 juin], ils comptent installer des points fixes dans différents endroits du Rwanda qui leur paraissent sensibles. Et pour cela, ils avaient besoin de cette journée pour se repositionner. Ils ont été applaudis comme on applaudit une armée de libération. Au moindre village, au moindre barrage tenu d'ordinaire d'une main de fer par les soldats des forces rwandaises, une haie d'honneur salue l'arrivée des militaires français. Et plus les soldats avancent en pays hutu et plus la route se pavoise de tricolore. Première prise de contact avec le sous-préfet de Rwesero. Un camp est repéré 50 kilomètres plus au nord, 2 500 personnes s'y trouveraient, sans plus de précision. Pour le sous-préfet, il n'y a qu'un responsable à cette situation, le FPR. Pourtant, les quelque 15 % de Tutsi qui vivaient dans sa ville ont aujourd'hui disparu. Au camp de Kirambo, le comité d'accueil a particulièrement bien fait les choses. L'entrée dans le camp est triomphale. Pour les représentants du gouvernement rwandais, il est clair que la France vient les soutenir contre l'agression du FPR. La visite du camp se veut l'illustration de cette politique humanitaire. Ici personne n'est en danger de mort. Seuls des Hutu chassés par la guerre habitent les lieux. Aucun Tutsi. Il n'y a plus de Tutsi à Kirambo. Combien ont participé aux massacres parmi ces danseurs et ces chanteurs ? L'histoire le dira peut-être. En attendant, les premières missions des soldats français ont montré qu'il y avait peu d'espoir de trouver beaucoup de rescapés des massacres. Reste alors la guerre entre gouvernement rwandais et FPR. Avec l'avancée de la ligne de front, c'est aussi l'avancée de problèmes plus politiques qu'humanitaires.
- L'opération Turquoise, c'est 2 500 hommes déployés en trois endroits différents le long de la frontière avec le Rwanda. L'aéroport de Goma est la base logistique de l'opération. Plus au sud, l'aéroport de Bukavu est le point le plus avancé de l'opération. 250 hommes parmi les unités les plus spécialisées de l'armée française, parachutistes et commandos marine. Ils savent qu'ils seront les premiers à rentrer au Rwanda. L'armement est sophistiqué : lunettes infra-rouge, gilets pare-balle et lance-roquettes. Nyarushishi est le principal camp de réfugiés dans la partie du sud-ouest du Rwanda. 8 000 personnes environ y ont été rassemblées. En majorité des Tutsi, l'ethnie minoritaire. C'est beaucoup et peu à la fois étant donné les massacres qui se sont déroulés dans la région. Beaucoup de personnes sont mortes, beaucoup ont fui et d'autres se cachent toujours dans des maisons ici. Elles n'osent pas sortir car si elles sortent, elles risquent d'être contrôlées sur l'un de ces fameux barrages que tentent de supprimer les militaires français.
- Benoît Duquesne interviewe à Bukavu le colonel Jacques Rosier : - "Vous avez été surpris par cet accueil que vous ont fait les Rwandais ?". Jacques Rosier : - "Oui assez, puisqu'on pensait qu'on rentrait dans un pays beaucoup plus bouleversé que cela. Ceci dit, à la lumière de ce que l'on savait, par la presse et les renseignements, on se doutait que la population, de ce côté-ci du Rwanda, était favorable à notre arrivée". Benoît Duquesne : - "Alors est-ce qu'il n'y a pas une ambiguïté justement de vous faire acclamer par des gens dont on sait que, pour certains d'entre eux, ils ont participé à des massacres ?". Jacques Rosier : - "Oui. Mais enfin, de toute façon, quels que soient les Rwandais, notre mission est claire : c'est justement faire cesser les massacres et je pense que si on rentre de ce côté-là, ce n'est pas par hasard". Benoît Duquesne : - "On parle beaucoup d'infiltrations par des éléments du FPR. Est-ce que c'est une peur incontrôlée des Rwandais qui sont de ce côté-ci ou est-ce une réalité ?". Jacques Rosier : - "À partir des premiers renseignements qu'on a recueillis sur le terrain, il semblerait que ce soit une réalité, que je pense possible dans la mesure où les troupes du FPR continuent d'attaquer. Donc, logiquement, sur le plan militaire, il est normal qu'elles fassent des reconnaissances profondes. Maintenant c'est à nous peut-être de vérifier que cette peur réelle soit une réalité".
- Bruno Masure interviewe François Léotard en duplex de Fréjus : Bruno Masure : - "Est-ce qu'il est tout à fait exclu que les troupes françaises pénètrent dans les zones contrôlées par le FPR ?". François Léotard : - "À l'heure qu'il est, les instructions que nous avons données à nos forces sont de deux ordres : d'une part, développer, l'action humanitaire, c'est-à-dire reconnaître les lieux où des gens sont menacés ou dans des situations de difficultés sanitaires ou de famine. D'autre part, ne pas s'approcher de la ligne de front qui effectivement peut être une ligne de confrontation entre l'armée rwandaise et les milices, et le FPR". Bruno Masure : - "Il y a eu un certain nombre de tensions à des barrages aujourd'hui. Et le général Germanos, qui est sur place, qualifie de "fragile" la situation. Est-ce que vous n'êtes pas un peu inquiet ?". François Léotard : - "En effet la situation est très fragile, le général Germanos a raison de le dire. Elle est marquée par beaucoup d'incertitudes, nous ne savons pas tout de la situation. Je rappelle que notre rôle est d'attendre l'arrivée de la MINUAR II, c'est-à-dire de la force des Nations unies qui devrait nous remplacer le plus vite possible". Bruno Masure : - "Je voulais savoir ce que vous ressentiez en voyant à travers ces images les hommes de l'armée française à l'œuvre actuellement sur ce terrain difficile ?". François Léotard : - "Je suis très heureux de voir les militaires français bien accueillis, bien entendu. Nous ne savions pas ce que serait cet accueil. Ce pouvait être dangereux ou difficile. Et ça peut l'être demain. Donc nous devons être très attentifs, très prudents. Il y a ce mouvement de générosité qui pousse à aider un pays en détresse. Mais il y a aussi, pour le gouvernement, la volonté de ne pas mettre en péril nos hommes. Et de ne pas donner à cette présence un caractère qui pourrait provoquer l'une ou l'autre des deux parties en présence".
- Un certain nombre de militaires français sont au Rwanda depuis plusieurs jours avant même le déclenchement de cette opération, avec une présence extrêmement discrète. Il s'agit en effet pour eux d'évaluer les moyens logistiques, de localiser les camps et surtout de renseigner le quartier général sur les risques encourus par les soldats français. C'est la mission de commandos très spéciaux de l'armée française : les CRAPS.
- À Kigali, encore des combats ce matin au mortier ou à l'arme légère. Les responsables des Nations unies sur place ont été contraints de suspendre leur projet d'évacuation de réfugiés bloqués derrière les lignes de front. Laurent Boussié : "Une manifestation a eu lieu hier après-midi [24 juin]. Quelques milliers de femmes et d'enfants, avec quelques hommes aussi, réunis par le FPR pour une démonstration anti-française où évidemment le Président Mitterrand était traité de traître et d'assassin. Une manifestation parfaitement organisée par le FPR qui attendait par exemple l'arrivée de la presse occidentale pour faire chanter les gens. […] La situation sanitaire est actuellement catastrophique à Kigali. Depuis quatre jours maintenant, il n'y a pas eu d'évacuation de blessés et la situation devient devient dramatique. Aujourd'hui, heureusement, un camion de la Croix-Rouge est arrivé et malgré les obus, le CICR et l'ONU ont réussi à évacuer 70 blessés de l'hôpital de la Croix-Rouge vers l'hôpital King Faisal qui est un tout petit peu moins surchargé".
- À l'origine de ce nouveau drame et effroyable que vivent les populations rwandaises depuis maintenant plus de 10 semaines, l'attentat, encore mystérieux d'ailleurs, visant l'avion du Président rwandais. Un attentat qui a donné en quelque sorte le signal des combats et des massacres qui auraient fait selon certaines estimations environ 500 000 morts ! On ne saura peut-être jamais exactement puisque les soldats français ont encore découvert de nouveaux charniers. Dans ce pays martyr, aucune ethnie n'a été épargnée par les massacres, ni les Hutu, largement majoritaires, ni les Tutsi qui représentent environ 15 % de la population et qui sont largement représentés dans les rangs du FPR.
- Avec nous trois Rwandais qui vont nous faire part tout simplement de leur sentiment sur le drame que vit leur pays et sur l'efficacité ou non de cette intervention française. Josée Kabagema, qui est d'origine tutsi et qui est fondatrice de l'association l'"Alliance pour le Rwanda". Joseph Ngarambe, qui est ancien fonctionnaire au centre culturel français de Kigali, qui est d'origine hutu. Et un autre fonctionnaire de ce centre culturel, qui est lui d'origine tutsi, Charles Rubagumya. Josée Kabagema : "Les images d'horreur sont absolument démentielles et c'est vrai que, pour moi qui suit une Française d'origine rwandaise, ça a été atroce de voir que les instances internationales ne faisaient rien du tout et ne bougeaient pas. Pour nous ça a vraiment été quelque chose d'atroce étant donné que c'était quelque chose de prévu depuis très longtemps avec les listes de personnes à tuer et la carte d'identité avec la mention de l'ethnie". Joseph Ngarambe : "J'ai été évacué le 12 avril par l'ambassade de France. Pour moi qui ai vécu l'horreur, je pense que le problème est toujours mal posé, jusqu'aujourd'hui. Ce n'est pas un problème entre Hutu et Tutsi comme d'aucuns ont tendance à l'affirmer. Il s'agit d'un problème politique. Évidemment les Tutsi ont été pris comme des boucs émissaires. […] L'opération Turquoise paraît indécente au vu des antécédents français au Rwanda. Ils ont fortement soutenu le régime en place, lequel régime ne s'est mis à faire des massacres que pour se maintenir au pouvoir". Charles Rubagumya : "Tous ces massacres sont toujours restés impunis".
- Cette intervention française au Rwanda a d'ores et déjà des conséquences tout à fait directes sur cette région du continent africain en perpétuelle ébullition et où les imbroglios politico-ethniques n'ont cessé d'entraîner conflits et troubles divers. C'est vrai particulièrement du Burundi qui partage les mêmes alliances ethniques et la même histoire ensanglantée que le Rwanda. C'est vrai du Zaïre où le Président Mobutu est en quelque sorte remis en selle. Ou encore de l'Ouganda anglophone dont les dirigeants sont très soutenus par le FPR. Trois jours après l'assassinat des Présidents du Rwanda et du Burundi, l'opération Amaryllis vient sauver les ressortissants étrangers de Kigali. Ce n'est pas la première intervention de militaires français au Rwanda. En octobre 1990, sous couvert déjà d'évacuations humanitaires, 150 soldats débarquent dans la capitale et y restent jusqu'en 93 où ils sont renforcés par 450 autres paras qui soutiennent le régime du Président Habyarimana contre une offensive du FPR, le Front patriotique rwandais. Aujourd'hui, la famille du Président assassiné s'est réfugiée en France. En fait, les ponts ne sont pas coupés entre Paris et Kigali. D'après le journal Libération, c'est sur intervention de la cellule africaine de l'Élysée que l'armée rwandaise a sauvé du massacre des personnalités réfugiées dans l'hôtel des Mille Collines. Le FPR, qui tient une grande partie de la capitale, a lui ses bases arrières en Ouganda. Impossible, pour 80 observateurs de l'ONU du secteur de Kabale, de surveiller les trafics d'armes sur 170 kilomètres de frontière. Même si le Président Museveni ne soutient pas ouvertement les rebelles rwandais, il sait que les réfugiés qui déstabilisent l'Ouganda ne rentreront pas chez eux avant la chute du régime rwandais. Au Zaïre, le Président Mobutu soutient, lui, ce régime rwandais. La partie est de son pays, le Kivu, est le fief d'une opposition divisée par les querelles ethniques. À travers la frontière avec le Rwanda, à Goma, transitent des armes destinées aux forces gouvernementales. Mais c'est le Burundi au sud qui est le plus gravement menacé par la guerre civile rwandaise. Dès octobre dernier, après l'assassinat du Président Ndadaye, les Hutu massacrent les Tutsi par dizaines de milliers. Le parti au pouvoir est en majorité hutu alors que l'armée, elle, est tutsi.
- Peut-être tout simplement parce que les choses semblent bien se passer pour le moment sur le terrain, cette intervention militaire française paraît chaque jour mieux comprise à l'étranger, même si pour l'instant encore la plupart des gouvernements se contentent de proposer une aide logistique ou humanitaire. Au sommet de Corfou, les dirigeants européens ont apporté sans ambiguïté un appui politique à cette opération, en demandant au passage que les responsables du génocide perpétré au Rwanda soient traduits en justice. François Mitterrand : "Les 12 responsables nous ont tous dit qu'ils soutenaient l'initiative française. Des propositions nous ont été faites qui viennent d'Afrique ou qui viennent de quelques autres pays. Enfin nous avons engagé notre action en souhaitant être aidé, mais en prenant nos responsabilités par nous-mêmes et pour nous-mêmes. La mise en place matérielle et humaine se passe dans des conditions extrêmement correctes. La pénétration sur le territoire rwandais s'est effectuée avec l'accord parfois très chaleureux de la population".
- Dès le début de la semaine prochaine, sera mise en place à Goma, à la frontière zaïroise, une cellule de coordination avec les ONG qui ont été contraintes manu militari d'évacuer ce pays. L'objectif prioritaire des militaires français sur place est d'évaluer les besoins en matière humanitaire. Des besoins qui sont tout à fait considérables. Les réfugiés se comptent en effet par centaines de milliers. En France cette décision d'envoyer des soldats au Rwanda a provoqué un certain nombre d'interrogations dans les partis politiques, chez les intellectuels mais surtout dans les organisations humanitaires. Pour l'instant, Médecins sans frontières est la seule ONG à approuver apparemment sans réserve cette action. Les autres sont plutôt réservées ou franchement hostiles. Bernard Granjon : "Je suis pour une intervention humanitaire. Je suis pour une intervention militaire parce qu'on n'arrête pas des massacres avec des médecins. Je suis contre une intervention française parce que je pense que la France est la plus mal placée pour faire une telle intervention. Et je pense que c'est à la MINUAR que revêt cette responsabilité. La France depuis des années soutient ceux qui sont les auteurs du génocide ! Et on voit mal comment est-ce que la France peut actuellement participer à la reconstruction d'un pays en maintenant en place pour la troisième fois, parce que c'est pas la première fois, ceux qui l'ont mis dans l'état où nous le trouvons actuellement. […] Si vraiment on me démontrait que la France est le seul pays qui actuellement puisse aller là-bas, je crois que l'intervention française ne serait concevable qu'à partir du moment où la France dirait qu'elle fait un virage à 180 degrés par rapport à sa politique antérieure, dans la mesure où elle condamne ses agissements passés, dans la mesure où elle dit qu'elle vient désarmer les assassins, qu'elle va demander la constitution d'une commission d'enquête internationale, d'un tribunal international et que, en tout état de cause, elle se refuse d'imaginer l'avenir d'un pays en maintenant sur place ceux qui l'ont assassiné". Philippe Biberson : "Je ne veux pas rentrer dans la polémique. Il se trouve que la seule force armée capable de se déployer rapidement comme nous l'avons demandé était une force française. Moi je l'accepte comme ça. Mais il ne faut pas qu'elle se trompe d'objectif : on a entendu depuis plusieurs jours parler d'objectifs qui étaient purement humanitaires. Moi je pense que il faut quand même revenir à ce qui fait l'exception au Rwanda, ce qui fait la particularité de cette crise : il y a un génocide. C'est pas un tremblement de terre, c'est pas un accident de la route ! S'il y a une force militaire qui est déployée aujourd'hui, c'est pour s'opposer aux gens qui font des massacres. Ce qu'on attend de cette force militaire, c'est qu'elle s'oppose véritablement aux gens qui continuent de faire des massacres aujourd'hui. Mais il ne faut pas s'arrêter là. Il faut que derrière cette opération militaire, il y ait une opération politique ou diplomatique qui mette le doigt sur le problème, là où ça fait mal. À l'heure actuelle, dans cette zone contrôlée par ce qu'on appelle encore le Gouvernement intérimaire, les gens qui sont aux commandes, ce sont les gens qui ont ordonné le massacre ! Ce sont les gens qui ont fait le génocide. Et il y a quelque chose qui est extrêmement surprenant : c'est qu'aujourd'hui, le siège du Rwanda aux Nations unies est encore occupé par l'ex-gouvernement rwandais".
- Cette opération Turquoise comprend un important dispositif médical d'urgence avec l'implantation, dans les tous prochains jours, par les spécialistes de ceux qu'on appelle l'EMMIR, l'Élément médical militaire d'intervention rapide, de deux unités à la frontière du Zaïre : à Bukavu et à Goma. Philippe Douste-Blazy : "La politique de la France n'a pas négligé la morale ni les droits de l'Homme. Et quand on sait que c'est le plus gros génocide de la fin du XXème siècle, quand on a vu des centaines d'orphelins, on a vu qu'ils étaient égorgés, massacrés, quand on a vu des millions de réfugiés, de personnes déplacées après avoir fait 200 kilomètres à pied dans des conditions sanitaires terribles, on est heureux que la France ait pu agir. Nous avions le devoir moral de réagir. C'est la première fois que la France est capable d'envoyer une action militaire pour des raisons humanitaires. C'est ça qui est fondamental. C'est la première fois et je crois que c'est historique. Deuxièmement, les épidémies. Car il faut voir le camp de Ngara, il faut voir ce camp en Tanzanie proche du Rwanda, avec ces 250 000 réfugiés, bientôt 300 000. Le plus grand camp au monde ! Et quand on voit ça, on sait qu'il y a aujourd'hui un risque tuberculeux de choléra et de diphtérie. Et je dis bravo à MSF et à Médecins du monde qui sont là. Alors bien sûr il faut les aider. Mais jusqu'à maintenant, il n'y avait pas de corridor humanitaire pour rentrer au Rwanda. Et grâce à Alain Juppé, au Premier ministre, à Monsieur Léotard, à Monsieur Roussin, eh bien justement, les militaires vont pouvoir arriver à ces médecins avec des médicaments et avec surtout la nourriture".
Commentaire
Des extraits du JT de 20 heures de France 2 du 25 juin 1994 sont visibles ici et ici