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Mise à jour :
2 août 2023 Anglais

Hier [22 juin] à 19 h 30, le Conseil de sécurité de l'ONU a autorisé l'intervention française. Les rebelles du Front patriotique du Rwanda ont dit qu'ils s'y opposeraient par tous les moyens

Fiche Numéro 3501

Numéro
3501
Auteur
Pernaut, Jean-Pierre
Auteur
Jacquemin, Marine
Auteur
Marescot, Frans-Yves
Auteur
Nakad, Nahida
Auteur
Allémonière, Patricia
Auteur
Torre, Isabelle
Auteur
Li, Pierre
Auteur
Jentile, Catherine
Date
23 juin 1994
Amj
19940623
Heure
13:00:00
Fuseau horaire
CEST
Surtitre
Journal de 13 heures [9:18]
Titre
Hier [22 juin] à 19 h 30, le Conseil de sécurité de l'ONU a autorisé l'intervention française. Les rebelles du Front patriotique du Rwanda ont dit qu'ils s'y opposeraient par tous les moyens
Soustitre
En France, les organisations humanitaires sont divisées. Les politiques aussi.
Nom fichier
Taille
28947048 octets
Source
TF1
Fonds d'archives
INA
Type
Journal télévisé
Langue
FR
Résumé
- L'opération Turquoise a commencé après le feu vert hier soir [22 juin] des Nations unies. 200 parachutistes au moins se trouvent à la frontière du Rwanda où ils doivent entrer dès aujourd'hui.
- Les paras et les commandos marines sont entrés en jeu cette nuit. Une reconnaissance de zone le long de la frontière zaïro-rwandaise. Leur colonne partie de Goma devrait arriver à Bukavu en début d'après-midi. Parallèlement, une douzaine de Puma atterrira dans la soirée sur le même aéroport de Bukavu, une petite piste où l'on ne peut accéder par gros-porteurs, d'où la difficulté. La phase 2 de l'opération Turquoise a pour but de protéger, et non évacuer, quelques milliers de réfugiés tutsi très menacés dans un stade de Cyangugu. Les militaires français devraient donc entrer au Rwanda demain matin et prendre position. La phase 3 aura pour objectif l'extension des zones de sécurité.
- L'opération Turquoise devrait mobiliser en tout 2 500 hommes, une centaine de véhicules et 40 avions. Objectif humanitaire pour protéger dans un premier temps 8 000 Tutsi dans le Sud-Ouest du Rwanda.
- Au ministère de la Défense, hier après-midi [22 juin], François Léotard et l'amiral Lanxade, chef d'état-major des armées, expliquent l'opération Turquoise. Il est 17 heures. À 19 h 30, le Conseil de sécurité de l'ONU autorise l'intervention française. Quelques minutes plus tard l'opération Turquoise commence. 2 500 hommes devront y participer, tous des soldats professionnels. 1 000 seront envoyés de France. 1 500 déjà postés en Afrique sont acheminés en ce moment même vers le Zaïre. Leur mission se porte dans un premier temps hors de la zone de combat. Elle devrait durer un mois. Elle aura un seul but : humanitaire.
- Premier objectif : Cyangugu où plusieurs milliers de Tutsi, l'ethnie rebelle, seraient en danger de mort. 1 000 soldats français seront amenés à pénétrer en territoire rwandais. Une opération à risque puisqu'elle se fait sans l'appui clair des alliés de la France, la plupart des Européens ont refusé d'y participer. Seule l'Italie semble disposer à offrir 500 hommes. D'autres pays, notamment la Belgique et les États-Unis, sont prêts à fournir une aide logistique.
- Depuis que la France a lancé son intention d'intervenir, les rebelles du Front patriotique du Rwanda, les Tutsi, ont dit qu'ils s'y opposeraient par tous les moyens. Ils reprochent à la France de soutenir le pouvoir en place. Pour eux, les soldats français sont des agresseurs. Jacques Bihozagara, "Représentant Front Patriotique Rwandais" : "Nous n'allons pas aller à Cyangugu spécifiquement pour aller combattre les forces françaises ! Mais si nous devons y arriver, et si elles sont là, nous allons les traiter comme des envahisseurs ! Donc autrement dit, on va les affronter".
- En France également, on a entendu de nombreux commentaires sur l'intervention de nos troupes. Les politiques sont divisés, même au sein de la majorité. Pierre Lellouche, "Député R.P.R." : "On ne peut plus tolérer des génocides à côté de nous en faisant semblant que ça n'existe pas". Jacques Baumel, "Député R.P.R." : "Faire une intervention dans un pays lointain, ravagé par des luttes tribales, ancestrales, et qui risquent fort de se développer malgré la présence de nos malheureux 2 000 soldats, est un risque terrible".
- Du côté des organisations humanitaires, deux lignes opposées. Bernard Granjon, "Président de Médecins du Monde" : "La seule perspective de cette intervention française a fait que nous ne pouvons plus aller au Rwanda. Dans le Sud, parce que notre prise de position a été jugée inconvenante par les troupes gouvernementales. Dans le Nord, parce que le FPR nous dit : 'Avec l'acutisation de la situation, nous ne pouvons plus assurer votre sécurité'". Philippe Biberson, "Pdt Médecins sans Frontières" : "L'alternative à ce qui se passe aujourd'hui, c'était rien, c'était attendre que le génocide s'accomplisse, qu'il se termine. Et puis ensuite on aurait pu faire intervenir effectivement l'ONU : il aurait été trop tard, il n'y avait plus personne à sauver".
- Régis Faucon : "C'est vrai que ça nous interpelle de voir que les organisations humanitaires elles-mêmes ne sont pas d'accord. Il ne faut pas oublier aussi que les Français vont dans un pays, le Rwanda, où ils ne sont pas obligatoirement bien accueillis par tout le monde. La France a un assez lourd passif dans cette région puisqu'elle est souvent perçue comme ayant pris parti pour une ethnie contre une autre. Donc, et c'est tout le paradoxe, il y a une grande méfiance de la part de l'ethnie que, justement, on se propose de sauver".
- Comme l'opération Turquoise a commencé ce matin, il est important de rappeler brièvement à quel point la situation est catastrophique au Rwanda. Des centaines de milliers de réfugiés, des centaines de milliers de morts. Un véritable génocide depuis plusieurs mois. Malgré les chiffres de l'horreur : 200 000, 300 000, 500 000 personnes auraient déjà été massacrées. Des milliers de Rwandais se jettent sur les routes de l'exode, les assassins d'hier se mêlant à leurs victimes pour échapper à l'avancée du FPR. C'est dans ce contexte que les Français ont pris l'initiative d'une intervention ponctuelle à caractère humanitaire, deux mois et demi après le début des massacres.