Titre
François Mitterrand à l'UNESCO : « Faut-il que des hommes, des femmes, des enfants meurent en direct, devant des caméras de télévision, pour que la communauté internationale s'émeuve ? »
Résumé
- À Kigali de violents combats à l'arme lourde ont repris ce matin.
- La France souhaite envoyer sur place une force d'interposition à but humanitaire et voudrait pour cela consulter le Conseil de sécurité des Nations unies. Cette intervention au Rwanda strictement humanitaire, pour faire cesser les massacres et l'exode, exigerait d'abord l'envoi de 2 000 soldats professionnels. Première hypothèse : le contingent sous mandat de l'ONU est prélevé sur les troupes d'intervention à partir de la métropole. Deuxième hypothèse : on fait appel au contingent français basé en Centrafrique. Il transiterait par le Zaïre qui s'est déclaré prêt à s'impliquer pour que cesse le génocide au Rwanda. Enfin, autre scénario envisageable, des hommes de la force multinationale en Somalie sont envoyés au Rwanda. Un redéploiement peu coûteux sur le plan logistique avec en plus un avantage : associer des pays d'Afrique à cette intervention car pour l'instant seules la France et l'Italie se sont engagées à fournir des troupes.
- La mission des Nations unies a tenté de procéder à l'évacuation de plusieurs milliers de civils qui sont toujours bloqués dans la capitale. Un Casque bleu a été tué hier [17 juin] au nord de Kigali.
- Ce matin Edouard Balladur a reçu le président de Médecins du monde, qui a jugé que les Français n'étaient pas les mieux placés pour envoyer des soldats sur place, au Rwanda, compte tenu du rôle joué par Paris auprès du gouvernement rwandais dans le passé.
- François Mitterrand présidait ce matin un colloque sur le développement à l'UNESCO. Le chef de l'État a plaidé pour un nouvel ordre mondial et une véritable mobilisation en faveur du tiers-monde. François Mitterrand : "Faut-il que des hommes, des femmes, des enfants meurent en direct, devant des caméras de télévision, pour que la communauté internationale s'émeuve ? Ces images provoquent des réactions tardives et des sollicitudes capricieuses. Face à l'éclatement du monde, il convient d'endiguer la marginalisation des pays pauvres ! De leur donner les moyens de maîtriser leur destin".