Résumé
- Peu à peu les étrangers fuient le Rwanda et Kigali, loin de l'enfer. Par exemple, 205 personnes dont 94 orphelins rwandais sont arrivés à Paris cette nuit. La plupart de ces orphelins étaient en cours d'adoption par des familles françaises. Pour ceux-là, mais pour ceux-là seulement, le cauchemar est terminé.
- Attendre, c'est tout ce qu'il leur reste à faire s'affiche à l'écran. Ils sont sans nouvelles de leurs parents ou amis du Rwanda et vivent dans l'inquiétude. Pour eux, chaque arrivée d'avion représente un nouvel espoir. Cette nuit les passagers inscrits sur la liste ne sont pas là : ils ont laissé leurs places aux enfants de l'orphelinat.
- En une demi-heure, les 94 enfants ont été évacués et pour aller plus vite, l'armée française a utilisé les bennes à ordures. Ces derniers jours, à deux reprises, des hommes étaient venus à l'orphelinat et ils avaient abattu neuf personnes, molesté la directrice et volé de l'argent.
- Dès leur arrivée à Paris, ils ont été pris en charge par la Croix-Rouge. Ils ont reçu les premiers soins, des vêtements chauds avant de regagner un foyer d'accueil à Créteil.
- La décision d'évacuer a été tellement rapide que les 30 personnes qui accompagnent les enfants ne réalisent pas ce qu'il leur est arrivé. Ils ne savent pas non plus pour combien de temps ils sont en France. Et pour la première fois cette nuit, ils se sentaient en sécurité.
- Symbole de ce qui se passe aujourd'hui à Kigali, capitale du Rwanda : ce sont les bennes à ordures qui ramassent les centaines de cadavres empilés dans les rues. Les affrontements meurtriers se poursuivent donc entre ethnies rivales.
- Ambassade de France à Kigali hier [11 avril] : on brûle les documents diplomatiques comme dans toute situation urgente. Ce matin l'ambassadeur de France et tout le personnel ont quitté le bâtiment officiel pour embarquer à bord d'un avion.
- Car la situation risque de dégénérer. Voici le visage qu'offrent les rues de Kigali : des cadavres et encore des cadavres tués par balles ou mutilés à coups de machettes. Victimes des combats mais aussi des règlements de compte tout simplement parce qu'ils ne font pas partie de la même ethnie. Dans une ville dévastée et livrée aux pillages, des camions jaunes ramassent des corps dans l'indifférence.
- Hier [11 avril] la plupart des Occidentaux ont pu fuir le pays par la route ou par le pont aérien mis en place par les militaires français et belges.
- Les rebelles du Front patriotique rwandais, à majorité tutsi, sont maintenant aux portes de Kigali : 4 000 hommes prêts à lancer l'assaut sur la capitale.
- Philippe Boisserie : "Les derniers Français ont quitté Kigali. L'avion de l'ambassadeur de France a décollé il y a un petit peu plus d'un quart d'heure, avec tout le personnel de l'ambassade. Il n'y a donc plus de Français à Kigali, sauf peut-être quelques-uns qui ont souhaité rester ici. La plupart du temps soit des religieux, soit des Français mariés à des Rwandais. Mais ce sont quelques personnes et ils ont souhaité rester ici. Sinon tous les autres Français ont donc quitté le sol rwandais. Il reste des militaires maintenant. Et a priori dans les 48 heures qui viennent, ils devraient à leur tour quitter le Rwanda. […] Tout à l'heure la situation était très calme à Kigali. Il y avait un intense brouillard. Depuis, le soleil s'est levé et nous entendons tout autour de nous des tirs de canons, de mortiers, des tirs d'armes automatiques. Les combats ont donc repris, comme hier, comme avant-hier. Et vraisemblablement comme demain pour encore certainement longtemps. […] On cherche les solutions politiques. Il n'y a plus d'ambassadeur de France. Je pense que les autres ambassades vont certainement fermer à leur tour. Hier [11 avril] les 262 personnes qui représentaient le personnel de l'ONU, ici, sont parties. Il reste les 2 500 militaires de la mission de l'ONU. Que vont-ils faire ? Ce sont les dernières forces finalement en présence. Est-ce qu'elles resteront ? Mais on voit mal ce qu'elles pourraient faire parce que jusqu'à maintenant, elles n'ont pas réussi à éviter le massacre qu'on a déjà connu".