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Mise à jour :
2 août 2023 Anglais

François de Grossouvre, conseiller et ami de François Mitterrand, a mis fin à ses jours hier soir [7 avril] dans son bureau de l'Élysée

Fiche Numéro 28885

Numéro
28885
Auteur
Chazal, Claire
Auteur
Brunetti, Denis
Auteur
Marie, Isabelle
Auteur
Lefèvre, Antoine
Date
8 avril 1994
Amj
19940408
Heure
20:00:00
Fuseau horaire
CEST
Surtitre
Journal de 20 heures [1/2] [7:59]
Titre
François de Grossouvre, conseiller et ami de François Mitterrand, a mis fin à ses jours hier soir [7 avril] dans son bureau de l'Élysée
Soustitre
Plusieurs témoins affirment avoir vu récemment François de Grossouvre déprimé et fatigué.
Taille
23654783 octets
Source
TF1
Fonds d'archives
INA
Type
Journal télévisé
Langue
FR
Résumé
- Le suicide de François de Grossouvre : le conseiller et ami de François Mitterrand a mis fin à ses jours hier soir [7 avril] dans son bureau de l'Élysée. Ses obsèques auront lieu lundi [11 avril] dans l'Allier.
- Le succès de la soirée consacrée au SIDA sur toutes les chaînes de télévision. L'opération a rassemblé plus de 33 millions de téléspectateurs. La collecte de fonds a dépassé les 50 millions de francs.
- La guerre civile au Rwanda : les affrontements entre les forces gouvernementales et la minorité tutsi ont déjà fait des centaines de morts.
- La relance des relations franco-chinoises à l'occasion de la visite d'Edouard Balladur à Pékin.
- L'information nous parvenait hier soir [7 avril] peu après 20 h 30, le drame se déroulait à l'intérieur même du palais de l'Élysée. François de Grossouvre, ami intime de François Mitterrand et président du comité des chasses présidentielles, a été retrouvé mort dans son bureau. À 76 ans, cet ancien conseiller de l'Élysée s'est tiré une balle dans la tête.
- Dans l'avenue de Marigny où donnait la fenêtre de François de Grossouvre, personne n'a entendu le coup de feu. Le bureau du premier étage est insonorisé et les pièces voisines étaient vides. Le palais de l'Élysée, lui, n'a rien su jusqu'à ce que le chauffeur et le garde du corps, sans nouvelles, ne viennent découvrir François de Grossouvre gisant un révolver à la main et la balle tirée sous le menton. Le médecin militaire de permanence n'a pu que constater le décès. Des policiers de la première DPJ [Direction de la police judiciaire] sont arrivés rapidement. Un policier : "On nous a appelé et pour l'instant on ne sait pas de quoi il s'agit exactement. On va voir".
- En raison des circonstances, le directeur de la police judiciaire Claude Cancès et le substitut Bernard Pagès se sont déplacés pour les constatations d'usage : relevés d'empreintes, photos, plans des lieux.
- François de Grossouvre était arrivé vers 18 heures à l'Élysée dans ce bureau situé à l'aile ouest, assez éloigné de celui de François Mitterrand. Les enquêteurs n'ont pas trouvé de lettre posthume et ont commencé à entendre ceux qui ont découvert le corps : le chauffeur et le garde du corps, un gendarme du groupe de protection rapprochée.
- Le palais de l'Élysée lui-même est resté très discret toute la soirée, malgré les allées et venues. On a juste aperçu Jack Lang et le secrétaire général, Anne Lauvergeon.
- Un très bref communiqué officiel a confirmé, tard dans la nuit, le suicide, alors qu'une ambulance emportait la dépouille mortelle de François de Grossouvre à l'institut médico-légal. Ce matin, les examens ont confirmé selon un test d'absorption atomique que c'est bien la main de François de Grossouvre qui avait tiré le coup de feu mortel.
- François de Grossouvre était depuis plus de 30 ans proche de François Mitterrand. Il avait aidé le chef de l'État dans son ascension politique. Il était rentré à l'Élysée dès 1981. Il faisait partie du premier cercle des amis du Président, au même titre par exemple que Michel Charasse. En septembre 93, il avait été entendu par le juge Thierry Jean-Pierre dans le cadre de son enquête sur les comptes de Roger-Patrice Pelat, un autre proche de François Mitterrand. Plusieurs témoins affirment avoir vu récemment François de Grossouvre déprimé et fatigué.
- Avec François Mitterrand, il était entré à l'Élysée dès 81. Avec un titre : conseiller auprès du Président, comme un masque sur ses activités dont il aimait, dit-on, le secret. Claude Estier, "Président Groupe Socialiste au Sénat" : "François de Grossouvre se complaisait dans ce rôle qui intriguait un petit peu".
- Depuis ce jour de 61 où Pierre Mendès France le présente à François Mitterrand, il est de tous les voyages, de toutes les campagnes de celui dont il devient l'ami, bien avant qu'il entre à l'Élysée. En 64 déjà, il participe à la fondation de la convention des institutions républicaines, plateforme de lancement du candidat Mitterrand à la présidentielle de 65. Toujours présent dans le combat politique, mais jamais sur scène.
- Ce médecin de formation devient notamment dès 81 le relais du Président dans les milieux industriels, n'aimant à servir que les diplomaties secrètes. Bientôt pourtant, c'est l'influence qui décline avec sa nomination aux chasses présidentielles, fin d'un pouvoir qu'il voulait continuer de servir, éloignement de l'ami Mitterrand.
- On l'appelait "L'homme de l'ombre", François de Grossouvre suivait à l'Élysée les dossiers diplomatiques les plus délicats, les activités des services spéciaux. Il avait notamment accompli des missions confidentielles au Proche-Orient.
- Au château, on l'appelait aussi "Belphégor". Conseiller du Président, très officiellement chargé des services secrets, François de Grossouvre peut y satisfaire son goût pour la diplomatie parallèle, les dossiers délicats et le renseignement. Pierre Marion, "Ancien Directeur de la D.G.S.E." : "Il avait un rôle opérationnel dans certains cas très précis sur des dossiers qu'il connaissait bien et qui l'intéressaient. Et puis il avait un rôle de conseiller du Président qu'il voyait très fréquemment et souvent longuement, en général le soir à partir de 7 heures. Et il lui donnait en fait des avis sur beaucoup de problèmes, qui étaient pas seulement des problèmes relevant des services secrets ou de la police".
- Résistant comme François Mitterrand, ses premières armes de maître-espion il les fait pendant la guerre, infiltré dans la milice. Et puis dans les années 50, il est sans doute un de ses honorables correspondants du SDECE, le contre-espionnage. Agent dormant de la version française du réseau Gladio.
- À l'Élysée, l'homme se veut aussi discret qu'influent. Avec une prédilection pour quelques dossiers chauds et certaines zones sensibles : terrorisme proche-oriental au lendemain de l'attentat de la rue des Rosiers. Et puis surtout le Liban qu'il connaît parfaitement et où il met à contribution ses innombrables relations pour tenter de faire libérer les otages français à Beyrouth.
- Mais très vite, quand d'autres membres du cabinet prennent du galon, l'éminence grise est écartée en 1985. Et la seule gestion des chasses présidentielles qu'on lui confie alors ne suffira pas à occuper ce chasseur passionné qu'il était également.
- Parmi les réactions recueillies après la mort de François de Grossouvre, celle par exemple de Martine Aubry qui rappelle que le suicide est un évènement personnel et qu'il doit le rester. "J'espère qu'il n'y aura pas d'exploitation politique de cet acte comme on l'a vu lors du décès de Pierre Bérégovoy", a dit l'ancien ministre du Travail. Et puis Valéry Giscard d'Estaing a présenté ses condoléances à Madame François de Grossouvre, qui est actuellement membre du conseil économique et social d'Auvergne.
- Les obsèques de Monsieur de Grossouvre auront lieu lundi [11 avril] dans l'Allier à Moulins et à Lusigny. François Mitterrand assistera à ses obsèques.