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Mise à jour :
19 septembre 2024 Anglais

Hier soir [7 avril] vers 20 heures, François de Grossouvre, ami intime de François Mitterrand, s'est donné la mort par balle dans son bureau de la présidence de la République

Fiche Numéro 28883

Numéro
28883
Auteur
Narcy, Jean-Claude
Auteur
Brunetti, Denis
Auteur
Bragança, Cédric (de)
Auteur
Lefèvre, Antoine
Auteur
Marie, Isabelle
Date
8 avril 1994
Amj
19940408
Heure
13:00:00
Fuseau horaire
CEST
Surtitre
Journal de 13 heures [1/2] [7:12]
Titre
Hier soir [7 avril] vers 20 heures, François de Grossouvre, ami intime de François Mitterrand, s'est donné la mort par balle dans son bureau de la présidence de la République
Soustitre
Il avait été longtemps l'homme des missions secrètes et délicates en Afrique et au Proche-Orient. Il s'intéressait aussi de près aux activités des services spéciaux.
Taille
21742597 octets
Source
TF1
Fonds d'archives
INA
Type
Journal télévisé
Langue
FR
Résumé
- Suicide à l'Élysée. Hier soir [7 avril], François de Grossouvre, ami intime de François Mitterrand, s'est donné la mort par balle dans son bureau de la présidence de la République.
- Plus de 33 millions de téléspectateurs ont suivi la soirée de la solidarité, le programme commun des chaînes françaises de télévision "Tous contre le SIDA". C'est un très, très grand succès. Soit deux Français sur trois. Près de sept heures d'information et d'émotion. 50 millions de francs ont déjà été récoltés.
- Situation dramatique et confuse au Rwanda après l'assassinat du Premier ministre. 11 militaires belges ont trouvé la mort. La France pourrait évacuer ses 600 ressortissants vivant dans le pays.
- François de Grossouvre, l'ami intime du Président François Mitterrand, s'est donc donné la mort hier soir [7 avril] dans son bureau de l'Élysée. Il avait 76 ans. Bien qu'éloigné des affaires depuis 1985, il occupait toujours ce bureau car il avait gardé des fonctions de président des chasses présidentielles.
- Le palais de l'Élysée était calme hier soir [7 avril] et s'apprêtait à un dîner privé lorsque la détonation a retenti vers 20 heures. Dans son bureau discret de l'aile ouest, sur l'avenue de Marigny, François de Grossouvre venait de se donner la mort à 76 ans. Le médecin de permanence, le docteur Kalfon, n'a pu que constater le décès. François de Grossouvre tenait encore un révolver à la main. Pour la procédure d'usage, des policiers de la première DPJ [Direction de la police judiciaire] sont arrivés sur place. Un policier : "On nous a appelé et pour l'instant on ne sait pas de quoi il s'agit exactement".
- Ils ont été rejoints par le directeur de la police judiciaire, Claude Cancès. Dans le bureau où François de Grossouvre venait une fois par semaine, pas de message posthume. Un homme décrit comme fatigué, dépressif, avec quelques problèmes privés qui était arrivé à l'Élysée entre 18 heures et 20 heures, semble-t-il pour voir le Président.
- L'Élysée est restée très discrète toute la soirée. Même si dans les allées et venues, on a aperçu Jack Lang ou le secrétaire général, Anne Lauvergeon. Un bref communiqué officiel a seulement confirmé le suicide vers 23 heures.
- Le Président François Mitterrand, dont les photos tapissaient le bureau de François de Grossouvre, a quitté tard les lieux sans commentaires. Tandis que la dépouille mortelle était conduite à l'institut médico-légal dans l'ambulance de l'Élysée.
- François de Grossouvre faisait partie du cercle des intimes du chef de l'État. Il avait été longtemps l'homme des missions secrètes et délicates en Afrique et au Proche-Orient. Il s'intéressait aussi de près aux activités des services spéciaux. Enfin, à deux reprises, il avait été entendu par le juge Thierry Jean-Pierre dans le cadre de l'enquête sur les comptes de Roger-Patrice Pelat, un autre proche de François Mitterrand.
- Il faisait partie de ces privilégiés à qui la porte de la rue de Bièvre était ouverte en permanence. Depuis ce jour de 1961 où Pierre Mendès France présente François de Grossouvre à François Mitterrand, de la convention des institutions républicaines au 10 mai 1981, il est de tous les meetings, de toutes les campagnes, toujours derrière, dans l'ombre. Claude Estier, "Président Groupe Socialiste au Sénat" : "J'ai gardé de lui le souvenir un peu contradictoire d'un homme à la fois chaleureux, plein d'humour, et en même temps cultivant à plaisir le mystère et le secret. François de Grossouvre se complaisait dans ce rôle qui intriguait un petit peu. Les gens se demandaient souvent : 'Mais qui est cet homme qui est toujours avec François Mitterrand ?'. Il aimait bien ça, il aimait entretenir ce mystère".
- Un ami donc, et à partir de 1981, un des proches conseillers présidentiels. Médecin de formation reconverti dans les affaires, il est un des relais de François Mitterrand auprès des chefs d'entreprise. Mais l'homme a surtout le goût de la diplomatie parallèle. Alors à l'Élysée, François de Grossouvre suit particulièrement les dossiers et les activités des services secrets, mettant à profit sa très bonne connaissance du Moyen-Orient et de l'Afrique.
- Pierre Marion, "Ancien Directeur de la D.G.S.E." : "Il avait un rôle de conseiller du Président qu'il voyait très fréquemment et souvent longuement, en général le soir à partir de 7 heures. Et il lui donnait en fait des avis sur beaucoup de problèmes, qui étaient pas seulement des problèmes relevant des services secrets ou de la police".
- Cette influence prendra fin en 1985, date à partir de laquelle il ne s'occupe plus que des chasses présidentielles. Une semi-retraite mal vécue qui lui permet pourtant de conserver un bureau à l'Élysée où il choisit de se donner la mort, hier soir [7 avril].
- Ce suicide n'est pas sans rappeler celui d'un autre proche de François Mitterrand, Pierre Bérégovoy, il y a tout juste un an. Le statut de conseiller du président de la République et la personnalité secrète de François de Grossouvre intriguaient et piquaient la curiosité de nombreux journalistes. Edwy Plenel, "Journaliste, Auteur 'La part de l'ombre'" : "Il est avéré, semble-t-il, que, fin mars, il était vraiment déprimé et il avait arrêté l'écriture de ses mémoires. Et il disait, et c'était très bizarre aussi, redouter qu'on lui monte une affaire, d'être mis en cause. C'est vrai que la vie de François de Grossouvre a été très complexe et favorable aux rumeurs : ça a quand même été un honorable correspondant des services secrets, ça a été un entremetteur dans toutes sortes d'affaires internationales, etc. Donc il a su beaucoup de choses. Donc il avait une sorte d'angoisse, d'inquiétude sur une affaire, un coup qui lui serait porté. Mais il n'en disait pas plus". Pierre Favier, "Journaliste, Auteur 'La Décennie Mitterrand'" : "Jusqu'à 1985, il se rendait effectivement fréquemment en mission à l'étranger, au Proche et au Moyen-Orient où il avait noué depuis de très longues années des contacts avec les chefs d'État arabes et les chefs d'entreprise. Beaucoup au Maghreb et en Afrique, au Tchad en particulier. Mais depuis l'époque où il avait perdu ses fonctions de conseiller du président de la République, il voyageait beaucoup moins pour le chef de l'État. Ou s'il voyageait, c'était pour lui : il revenait de missions pour lesquelles il s'était auto-mandaté et en informait éventuellement le chef de l'État. Mais dans la période récente, on ne peut pas dire qu'il était un conseiller proche du Président. Il était resté son ami en revanche".